Bonjour tout le monde,
Je vous propose la lecture la lecture de l’article : La grande tradition, proposé par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 15 Novembre 2020, Rédigé par Un spirite dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
Bonne Lecture
Paul BODIER Étude documentaire sur le livre L'Esprit consolateur ou nos destinées,
La grande tradition
« Ceci doit expliquer cela ». Ce chapitre complète le précédent. Avec un peu de logique, un peu de raisonnement, le plan divin vous apparaîtra dans ses grandes lignes. Et votre âme émerveillée, encore captive dans sa prison de chair, s'élèvera déjà vers les sommets où un jour, libre et heureuse, elle essaiera ses ailes pour s'élever encore plus haut.
Le dogme fondamental de l'Evangile éternel, n'est autre que celui de la grande vie progressive des âmes sur le théâtre infini de la création. Ainsi, nous ne sommes tous, nous autres mortels, que des Esprits captifs de la chair. Tous, nous avons déjà subi plusieurs captivités de ce genre, et nous sommes loin d'en avoir épuisé la série. Chaque vie mortelle, chaque incarnation temporaire est un creuset où l'esprit s'épure, une lutte où ses facultés se développent, un échelon qu'il doit franchir sur la grande échelle qui mène à la perfection.
Ce dogme vous étonne, dites-vous ; il en étonne bien d'autres, ce qui ne saurait me surprendre. Cependant, quand on réfléchit sérieusement, quand on étudie sans parti pris, on reste convaincu qu'il n'en est pas de plus rationnel et de plus consolant. Seul, il explique l'homme et justifie Dieu.
Aussi, loin d'être une nouveauté, même on vous le dit, ce dogme peut revendiquer, en sa faveur, la plus antique et la plus universelle tradition. Il se retrouve plus ou moins défiguré dans la plupart des monuments sacrés ou profanes. Il n'a subi d'autre éclipse que celle du moyen âge, et il est en train d'envahir toutes les plus nobles intelligences des temps modernes.
Nous lisons dans les Védas, cette bible de l'Inde qui se perd dans la nuit des temps : « Si vous vous livrez à vos désirs, vous ne faites que vous astreindre à contracter, en mourant, de nouveaux liens avec d'autres corps et avec d'autres mondes. » M. de Vogué résume ainsi son étude sur l'ancienne croyance des Egyptiens : « Prise à l'origine et avant les mythes subtils qui la défigurèrent, la doctrine égyptienne nous présente le voyage aux terres divines comme une série d'épreuves au sortir desquelles s'opère l'ascension dans la lumière, la manifestation au jour et la réunion de la parcelle errante à la substance éternelle.»
Les sages de la Grèce avaient puisé leur science aux sources de l'Egypte : de là, les hautes conceptions de Pythagore, malgré ses erreurs, sur la transmigration des âmes, et de Socrate sur la vie future de là les mystères d'Eleusis, dont les différents degrés d'initiation représentaient les degrés divers de la voie ascendante de l'esprit. Plotin dit, en parlant des dieux : « Ils assurent à chacun le corps qui lui convient et qui est en harmonie avec ses antécédents, selon ses existences successives. » Le divin Platon avait dit avant lui cette belle parole : « Apprendre, c'est se souvenir. »
Les Gaulois croyaient, d'une foi vivace, à la vie progressive de la personnalité humaine. Ils divisaient l'univers en trois cercles : « celui de Dieu, séjour de la divine essence ; celui du bonheur, séjour des Esprits purs, et celui des voyages, séjour des Esprits qui s'épurent ».
Nos livres sacrés, sans être aussi explicites, nous offrent cependant des textes bien significatifs. Dieu dit à Jérémie « qu'il l'a connu avant qu'il fût formé dans le ventre de sa mère ». Nous lisons dans le livre de la Sagesse ces paroles fort remarquables : « J'étais un enfant bien né, et une bonne âme m'était échue ; ou plutôt étant bon, j'étais venu dans un corps sans souillure. » Job s'écrie : «
L'homme étant mort une fois, pourrait-il naître de nouveau ? Dans cette lutte où je me trouve tous les jours de ma vie, j'attends que mon changement arrive. »
Les saints Evangiles sont beaucoup plus clairs, et il est bien difficile, après les avoir médités, de comprendre comment le grand dogme de la réincarnation a pu être écarté par une théologie qui les accepte pour fondements.
On lit dans saint Mathieu : « Je vous le dis en vérité, entre les enfants des femmes, il n'y en a point de plus grand que Jean-Baptiste. Et si vous voulez entendre, il est lui-même Elie qui doit venir. Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre. »
Nous lisons dans l'Evangile de saint Jean : « Il y avait un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, l'un des principaux Juifs. Cet homme vint de nuit trouver Jésus et lui dit : « Maître, nous savons que tu es un docteur venu de la part de Dieu, car personne ne saurait faire les miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui. » Jésus lui répondit : « En vérité, je te dis que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois ? » Jésus répondit : « En vérité, je te dis que si un homme ne naît d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit. Ne t'étonne point de ce que je t'ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'esprit. » Chez les Hébreux, l'eau représentait la source de la matière, et quand Jésus dit que l'homme doit renaître d'eau et d'esprit, n'est ce pas comme s'il disait qu'il doit renaître de matière et d'esprit, c'est-à-dire en corps et en âme ?
Le Sauveur ajoute ces paroles trop peu remarquées : « Vous êtes maître en Israël, et vous ignorez ces choses ? » S'il se fût agi de la renaissance purement spirituelle opérée par le baptême, cette surprise du Sauveur serait incompréhensible, car Nicodème aurait pu répondre ceci : « Assurément j'ignore ces choses, car il est bien permis, même à un maître en Israël, d'ignorer ce que vous venez de révéler au monde pour la première fois. » Les paroles du Sauveur pouvaient donc avoir un sens plus profond, et son étonnement devrait peut-être se traduire ainsi : « J'ai pour la multitude des enseignements à sa portée, et je ne lui livre la vérité que dans la mesure où elle peut la comprendre. Mais avec vous qui êtes maître en Israël, et qui, en cette qualité, devez être initié à des mystères plus élevés, j'avais cru pouvoir aller plus avant. »
Cette interprétation semble d'autant plus lumineuse que le Zohar des Juifs enseigne la pluralité des mondes et des existences. Saint Jérôme affirme que la transmigration des âmes était enseignée, comme une vérité traditionnelle, à un petit nombre d'initiés. Quant à Origène, il considère la réincarnation comme le seul moyen d'expliquer certains récits bibliques, et spécialement l'antagonisme profond qui existait entre Jacob et Esaü.
Un jour Jésus demande à ses disciples ce qu'on dit de lui parmi le peuple.
Ceux-ci répondent : « Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, d'autres Elie, d'autres Jérémie, ou quelqu'un des anciens prophètes revenu au monde. » Jésus, loin de les reprendre comme s'ils eussent débité des rêveries impossibles, se contente d'ajouter : « Et vous, qui croyez-vous que je suis ? » Quand il rencontre l'aveugle-né, ses disciples lui demandent si cet homme est né aveugle à cause des péchés de ses parents, ou des péchés qu'il a commis avant de naître ?
Ils croyaient donc à la possibilité de la réincarnation, et à la préexistence possible de l'âme. Leur langage ferait même croire que cette idée était répandue dans le peuple, et Jésus semble l'autoriser, loin de dire un mot pour la combattre.
Il parle des nombreuses demeures dont se compose la maison du Père, et Origène, commentant ces paroles, ajoute: ce Le Seigneur fait allusion aux stations différentes que les âmes doivent occuper, après qu'elles ont été dépouillées de leurs corps actuels, et qu'elles en ont revêtu de nouveaux. »
Vous voyez, madame, par ces citations que la doctrine de la réincarnation est moins nouvelle qu'on ne serait tenté de le croire. J'ajoute qu'elle a été à toutes les époques le patrimoine d'une foule d'Esprits d'élite, qui ont su conserver l'indépendance de leur propre pensée.
« La philosophie, dit Charles Bonnet, nous donne les plus hautes idées de l'univers. Elle nous le représente comme la collection harmonique de tous les êtres créés. Le présent a été déterminé par le passé, et détermine l'avenir. Non seulement tous les systèmes et tous les grands corps du même système sont harmoniques entre eux, ils le sont encore dans leur rapport à la coordination des divers êtres qui peuplent chaque monde planétaire. Tous ces êtres gradués, ou nuancés à l'infini, ne composent qu'une même échelle dont les degrés expriment ceux de la perfection corporelle, et de la perfection intellectuelle que renferme l'univers. L'univers est donc la somme de toutes les perfections réunies et combinées, et le signe représentatif de la perfection souveraine.
« Le degré de perfection acquise déterminera, dans l'avenir, le degré de bonheur ou de gloire dont jouira chaque individu. Il y aura donc un flux perpétuel de tous les individus de l'humanité vers une plus grande perfection, ou un plus grand bonheur ; car un degré de perfection acquis conduira par lui-même à un autre degré, et parce que la distance du créé à l'incréé, du fini à l'infini, est infinie, ils tendront continuellement vers la suprême perfection sans jamais y atteindre. »
Dupont de Nemours, Ballanche ont écrit sur ce sujet des pages remarquables, et un autre écrivain prête à l'un de ses personnages, les belles pensées que voici : « Combien de formes l'être promis au ciel, a-t-il usées, avant d'en venir à comprendre le prix de la solitude dont les steppes étoiles sont le parvis des mondes spirituels ! Après avoir expérimenté le vide et le néant, les yeux se tournent vers le bon chemin. C'est alors d'autres existences à user, pour arriver au sentier où brille la lumière. La mort est le relais de ce voyage. Quand arrive le jour heureux où vous mettez le pied dans le chemin, la Terre n'en sait rien, elle ne vous comprend plus, vous ne vous entendez plus, elle et vous. Les hommes qui arrivent à la connaissance de ces choses, et qui disent quelques mots de la parole vraie, ne trouvent nulle part où reposer leur tête et périssent souvent sur les échafauds, tandis que les anges leur ouvrent les portes du ciel. »
Pascal était plus près de la vérité qu'il ne le soupçonnait lui-même, quand il s'exprimait ainsi : « L'homme s'instruit sans cesse dans son progrès, car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs. De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun des hommes s'avance, de jour en jour, dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d'un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours, et qui apprend continuellement. Comme la vieillesse est l'âge le plus distant de l'enfance, qui ne voit que la vieillesse de cet homme universel ne doit pas être cherchée dans les temps proches de sa naissance, mais dans ceux qui en sont les plus éloignés ? Ceux que nous appelons anciens étaient véritablement nouveaux en toutes choses, et formaient l'enfance des hommes ; et comme nous avons joint à leurs connaissances l'expérience des siècles qui les ont suivis, c'est en nous que l'on peut retrouver cette antiquité que nous révérons dans les autres. »
Oui, les plus jeunes sont les plus vieux, et les modernes sont les anciens, parce qu'ils ont accumulé plus de lumières, en subissant plus d'épreuves.
Lisez nos grands poètes, nos grands historiens, nos grands penseurs enfin, et vous verrez, malgré leurs discrètes réserves, qu'ils partagent à peu près tous les belles vues que je vous expose. Ces nobles intelligences répudient avec le même dégoût les théories matérialistes et les théories ultramontaines. Plus religieuses qu'on ne se le figure dans votre monde, elles croient sincèrement à l'existence de Dieu et aux évolutions progressives de l'âme humaine dans l'infini des cieux. C'est que rien n'est plus rationnel au fond que cette doctrine si étonnante au premier abord. Quand on l'examine sans parti pris, on voit avec ravissement que seule elle résout tous les grands problèmes, et nous donne l'explication plausible d'une foule de phénomènes qui semblaient autant de mystères accablants.
Votre âme, chère Madame, doit donc être rassurée. La raison qui est le meilleur guide, la logique qui est son plus ferme appui vous crient éloquemment la vérité.
Aucune autre théorie religieuse n'est susceptible de vous donner mieux. Les religions actuelles, vous le savez, sont impuissantes à vous apporter les consolations véritables et les fermes espoirs. Sans aucunement les combattre et être leur ennemie, continuez à vous instruire et ne vous écartez jamais de la logique qui sera pour vous en toutes circonstances, la meilleure des sauvegardes.
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