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 Les mondes heureux

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jean-pierre Abel




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MessageSujet: Les mondes heureux    Les mondes heureux  Icon_minitimeMer 26 Mai - 10:27

Je vous propose la lecture du message suivant Les mondes heureux proposé par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 26 Mai , Rédigé par Un spirite Publié dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
Paul BODIER Étude documentaire sur le livre L'Esprit consolateur ou nos destinées, Les mondes heureux
Les mondes heureux

Après vous avoir attristée par cette dissertation sur l'enfer inventé par les hommes ignorants et méchants, il est utile, chère madame, de réjouir votre âme en vous montrant les récompenses. Alors de votre coeur consolé, montera le chant d'amour et d'allégresse vers le Dieu de bonté dispensateur de ces merveilles.
Le soleil est radieux et je me sens moins triste ; c'est vous dire, madame, que je suis tout disposé à vous ouvrir une échappée vers les mondes heureux. Je ne parle pas, remarquez-le bien, du bonheur complet qui sera le terme et le couronnement de notre ascension. Une telle félicité est indescriptible, car « le coeur de l'homme ne saurait comprendre ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment ». Je parle des joies relatives, humaines, mais supra terrestres, qui seront notre partage, après que nous aurons parcouru vaillamment quelques étapes nouvelles, plus ou moins fatigantes.
Le télescope nous montre au firmament des soleils doubles, même des soleils triples diversement colorés. Ces soleils doivent éclairer et féconder, comme le nôtre, des terres ou des planètes. Or ce simple fait astronomique nous permet d'imaginer un paradis terrestre et céleste tout à là fois, dont les splendeurs peuvent dépasser tous nos rêves.
Ces terres bénies sont constituées de manière à se parer de la plus riche végétation, et découpées par des montagnes, des mers, des fleuves qui multiplient les sites enchanteurs. En vertu de la rotation de la planète, et des évolutions des trois soleils multicolores, les habitants de cet Eden ont vu un soleil blanc se lever le matin. Quelques heures plus tard, un beau soleil bleu vient azurer les montagnes et les plaines ; puis tout à coup, au moment où le premier se penche à l'horizon, et où le second se trouve au zénith, apparaît à l'orient un magnifique soleil rose ! Quels jeux de lumière ! Quels spectacles magiques pour les fortunés habitants de ce monde !
Cette colonie humaine est parvenue à un tel degré de supériorité, que ses membres les plus déshérités sont plus beaux, plus éclairés, plus délicats que la fine fleur de la meilleure société. Dans ce séjour, l'atmosphère est en harmonie parfaite avec l'épiderme. Dès lors, on ne s'abrite plus que sous les berceaux en fleurs ; on ne s'habille plus, on se pare, et l'on parle comme on chante à l'Opéra.
Au lieu de manger pour vivre, on se contente d'aspirer les effluves balsamiques et nutritifs de l'atmosphère symbolisés par l'ambroisie et le nectar dont se nourrissaient les dieux de l'Olympe. On n'est plus occupé à gagner sa vie mais à en jouir, Le travail n'est plus qu'un plaisir, et les âmes sont assez élevées pour que le loisir soit sans péril. Le corps, loin d'être un tyran ou un boulet pour l'esprit, n'est plus que son aimable et vaillant serviteur. Ce serviteur, composé d'éléments plus raffinés, ne connaît plus ni les infirmités, ni l'esclavage de la pesanteur. Il a le toucher plus subtil que l'aveugle, l'odorat plus fin que le chien, l'oeil plus perçant que l'aigle. Que dis-je ? Il est en possession de nouveaux sens qui lui permettent de transmettre à l'âme les perceptions les plus exquises.
Tout monte, tout se raffine, même la matière qui nourrit les organismes. Voyez ce qui se passe dans le travail de la nutrition de l'homme : la nourriture la plus grossière ne s'assimile au corps humain qu'en subissant les humiliations de cet alambic que nous appelons l'estomac. Mais que dites-vous du fumet des viandes, du parfum des fruits, de l'arôme des grands vins ? C'est encore de la matière, mais de la matière affinée, ennoblie, spiritualisée, qui dédaigne les gémonies du ventre, pour arriver droit au cerveau de l'homme, au siège de l'âme, par l'odorat.
Eh bien ! À mesure que les âmes s'épurent, les corps qui leur servent d'enveloppes se perfectionnent, et leur nourriture, symbolisée par la manne, renferme toutes les saveurs, sans imposer l'esclavage de la digestion.
La Nature, ici, nous donne des leçons qui renferment bien des espérances.
Voici une horrible chenille qui devient chrysalide pour se préparer à devenir papillon. Dans cette prodigieuse métamorphose, l’énorme appareil des mandibules disparaît avec celui des muscles qui les ont tant agitées. Gosier absorbant, puissant estomac, entrailles avides, tout cela est supprimé, délaissé comme l'attirail misérable d'une vie inférieure. Sa vie nouvelle, supérieure, sa vie de papillon va commencer ; que lui faut-il ? Une petite trompe délicate pour pomper le suc des fleurs, et des ailes charmantes pour servir ses caprices en assurant ses conquêtes. L’insecte a commencé dans l'obscurité, l'esclavage : maintenant le voilà libre, sûr de sa nourriture exquise, et mieux vêtu que Salomon pour aimer en vainqueur !
Quelle révélation sort de ce tombeau qui s'appelle un cocon ! Celui qui sait lire dans le livre de Dieu comprend que la mort n'est qu'un élan vers une vie plus pleine et mieux affranchie. Ravi de sa vision il relève la tête, regarde le ciel et s'écrie : L'homme est la chrysalide de l'ange.
Ici-bas la difformité oblige trop souvent l'amour à se taire, ou la laideur le décourage. Trop rarement, hélas ! La bonté se marie à ce charme incomparable que nous appelons la beauté. Il en est à peu près ainsi dans toute la nature. Les fleurs les plus charmantes ne sont pas les plus parfumées, et les oiseaux les plus parés ne sont pas ceux qui chantent le mieux. Mais, là-haut ! La bonté sera belle, et la beauté sera bonne. Le camélia n'enviera plus son parfum à la violette, et le rossignol sera mieux habillé que le paon.
Ici-bas, nous pleurons, comme l'aigle de Pathmos, devant le livre de la vérité, parce que ce livre reste « fermé de sept sceaux ». Nous aspirons au grand jour, et nous entrevoyons à peine quelques lueurs pâles, comme un rayon de lune qui pénètre dans une cave. Tout est problème, tout est mystère, et les intelligences qui s'avisent d'être curieuses ou indiscrètes, s'exposent à d'ineffables tourments.
Là-haut, il n'en est plus ainsi : les sceaux se brisent, le livre s'ouvre, et les âmes s'écrient dans un joyeux transport : « Ah ! Que nous étions aveugles là-bas, sur la terre classique des bacheliers et des docteurs ! »
Vous parlerai-je des joies du coeur ? Ici-bas nous ne savons aimer ni Dieu ni les hommes. Que de pauvres êtres qui, moins heureux que l'insecte, que la fleur, traversent la vie sans aimer, sans être aimés. Combien qui s'offrent, se donnent, s'immolent, et ne moissonnent en échange que les angoisses inexprimables provoquées par le dégoût, le dédain ou la trahison ? Oh ! S’écriait le jeune et charmant abbé Perreyre, qui dira les ineffables souffrances des coeurs sur la terre, et comment c'est une plainte éternelle que le langage de l'amour ! Ecoutez tous les échos élevés de l'âme humaine : si l'homme parle d'aimer, c'est pour pleurer, c'est pour se plaindre, c'est pour gémir. Plus il est pur, plus il se plaint ; plus il est grand, plus il gémit, plus il est élevé au-dessus des rivages terrestres, plus il se lamente. Si, de loin en loin, un cantique de joie se fait entendre, et interrompt pour un moment cette grande monotonie, c'est pour célébrer le ravissement d'une heure, et retomber dans l'immensité des désirs. »
— Oh ! Oui, les coeurs ici-bas sont tout à la fois trop affamés et trop difficiles. « Bien peu d'âmes trouvent l'adresse de leur âme. » Et quand quelques-unes ont eu ce rare bonheur, on dirait que la mort en est jalouse. Je vous vois pleurer en pensant à René.
Un pareil scandale ne saurait être ni éternel ni universel. J'entrevois d'ici le pays fortuné où l'on ne répète plus ce terrible adage : Aimer, c'est souffrir Là, les âmes sympathiques se reconnaîtront à coup sûr et se grouperont, sans entraves. Le mariage ne sera plus une loterie ou un marché, mais il sera la communion ineffable et sereine de deux âmes dont la compénétration mutuelle ne fera
qu'augmenter le ravissement. On pleurera peut-être encore dans ce monde, mais les larmes y seront belles, belles comme les larmes de la mère qui revoit son fils après une longue absence, et s'écrie en pleurant : C'est lui ! C’est bien lui ! On y meurt encore sans doute, parce qu'on n'est point arrivé au terme, mais la mort a cessé d'être hideuse parce qu'elle se marie avec la renaissance, et le jour du trépas n'est plus qu'un jour de fête.
La divine beauté, mieux connue n'y commande plus l'amour, elle le provoque.
Ici-bas, elle nous reste voilée, cachée : de là nos préférences pour les créatures que nous voyons, que nous touchons, mais qui sont impuissantes à combler nos désirs. Dieu est le pôle parce qu'il est la perfection absolue. Les âmes ses filles, venues de lui, destinées à retourner à lui, ressemblent à l'aiguille aimantée qui s'inquiète, s'agite comme une pauvre fourvoyée, tant qu'elle n'a pas retrouvé l'aimant qui la fixe dans le repos. Or, dans les mondes à l'état d'harmonie, la beauté divine déchire une partie du voile qui nous la dérobe ici-bas. Elle se transfigure comme le Christ au Thabor, et oblige les coeurs terrassés par le ravissement à s'écrier comme saint Pierre : « Il nous est doux d'être ici. »
L'amour se traduit alors par un culte simple, spontané, et d'autant plus ardent qu'il est plus pur. Là, plus de dogmes incompréhensibles pour torturer les Esprits, plus de cérémonies destinées à fatiguer les nerfs, plus d'hypocrisies imposées par la nécessité de vivre. La prière jaillit des lèvres, non plus comme un soupir, comme un appel plaintif, mais comme un cri d'allégresse, comme un flot d'actions de grâces. Les âmes affranchies, dilatées, ne redisent plus ce gémissement du Psalmiste : « Du fond de l'abîme j'ai crié vers vous, Seigneur !» Mais elles entonnent le cantique de la joie reconnaissante : « Enfants, louez le Seigneur. Que le nom du Seigneur soit béni, maintenant et dans tous les siècles, car sa gloire éclate au-dessus de tous les cieux. Du haut de sa demeure, il a daigné abaisser son regard sur nous. Il nous a tirés de la Terre et de ses fanges, pour nous placer parmi les princes de son peuple. »
Nous sommes loin de ces mondes, mais je les entrevois, et je sais, je sens qu'un jour ou l'autre ils deviendront notre demeure. Cela me suffit pour m'écrier avec le roi prophète : « Je dormirai en paix, mon Dieu, et je jouirai d'un parfait repos, parce que vous m'avez affermi d'une manière toute spéciale dans l'espérance. »
Avant d'arriver au terme de son pèlerinage, dit Origène, l'âme traverse une longue série d'épreuves, selon qu'il est écrit : « Je t'ai affligé et je t'ai nourri dans le désert avec la manne inconnue à tes pères, afin que ce qui était dans ton coeur se montrât. » Selon le même père, le voyage du peuple juif depuis l'Egypte jusqu'au Jourdain, n'est que l'image mystique du grand voyage de l'âme dont parle les Druides. L'Egypte symbolise le monde obscur, qui fut son point de départ, et la Palestine est le symbole du point d'arrivée, du paradis final qui n'est autre que la «Terre promise ».
Nous marchons, nous montons, laissant derrière nous des ruines, des illusions, des larmes, du sang ; mais n'oublions pas que nous allons vers la lumière, vers le bonheur qui est en définitive la grande réalité. Ce qui règne ici-bas, c'est « le combat pour la vie », ce qui règne là-haut, c'est la paix dans la justice et la joie dans l'amour. L'univers est une lyre plus belle que la lyre d'Homère, et l'hymne des mondes est une harmonie, malgré la note aigre des Esprits rebelles. La goutte de rosée, le parfum de la rose, l'aile du papillon racontent, comme l'arc-en-ciel, la gloire du Dieu très bon. Le Père entend la voix du grillon qui chante dans l'âtre du pauvre, comme il entend la voix des séraphins qui forment sa couronne.
Il entend surtout la prière de l'âme pure qui soupire, en essayant ses ailes trop faibles encore pour l'emporter au pays de ses rêves. Je connais cette âme, et je sais que Dieu l'aime, parce qu'il découvre, parmi les diamants qui forment sa parure, la beauté de la bonté.
Vous avez peut-être remarqué, chère Madame, avec quelle étonnante facilité les poètes savent charmer leurs lecteurs et donner de merveilleuses descriptions de leurs rêves de beauté.
C'est qu'un poète de la beauté et de la bonté est toujours un être évolué dont le cerveau est puissamment servi par une prescience quasi divine et l'aide d'Esprits supérieurs qui ont le pouvoir d'agir sur les êtres humains qu'ils attirent magnétiquement vers eux.
Les poètes qui chantent les merveilles des célestes séjours ne sont guère susceptibles, par contre, de décrire les enfers inventés par les imaginations barbares et les cerveaux délirants.
Tout au plus, pourraient-ils décrire l'Enfer réel que nous voyons tous les jours sur la Terre et qui parfois nous engloutit si complètement que nous n'apercevons plus la vraie lumière.
Je m'excuse, après vous avoir fait entrevoir le paradis de vous parler encore de l'enfer, mais cela me paraît nécessaire pour bien vous montrer que nous n'avons point besoin d'accumuler les horreurs, puisque l'Enfer est en nous et que hélas nous l'avons trop souvent réalisé sur la Terre où nous sommes.
L'Enfer, nous l'avons eu, dans toute son horreur pendant quatre années sanglantes. Est-ce que cela ne peut suffire aux hommes ? N'ont-ils pas vécu assez d'heures d'angoisse et de colère, d'heures troubles, d'heures de haine, d'heures d'agonie ?
Et ils voudraient, pour l'éternité, encore plus d'horreur tragique ajoutée à toutes les horreurs ?
Mais qui donc a dit cela ? Que l'effroyable bourreau, le tourmenteur éternel se lève d'entre tous les monstres et vienne devant la lumière !...
... Pendant ma présence aux Armées, je me suis trouvé, deux mois durant, en 1916, chargé d'un service, d'ailleurs insignifiant, mais qui nécessitait ma présence dans une maison solitaire placée dans la zone que les canons de l'ennemi dévastaient effroyablement presque chaque jour.
Seul, jour et nuit, je m'efforçais de vivre là sans trop m'effrayer de la dévastation qui se faisait autour de moi et du danger que je pouvais courir. A certains moments, quand le calme semblait renaître, je goûtais avec un peu d'amertume la tranquillité relative qui m'était laissée, en songeant que beaucoup de mes camarades, encore plus en danger, n'avaient eux, aucun moment de répit.
Or, un soir que le bombardement était intense, cela me faisait penser, précisément, à l'enfer imaginé par certaines religions, lorsque mes yeux tombèrent soudain sur un humble crucifix de bois, tout petit, tout fluet, qui était resté accroché au mur au-dessus de la cheminée de la pièce où je me trouvais. Et le pauvre Christ semblait vivre et me dire : Tu penses à l'enfer, créé de toutes pièces par des hommes de haine et de sang. N'as-tu donc pas assez d'horreur sous les yeux dans l'enfer où tu es avec tes frères de misère et ne vois-tu pas que vous continuez à me crucifier tous les jours, alors que je me suis efforcé de vous apporter la vraie parole de vie et d'amour ?
Combien de siècles vous faudra-t-il encore pour vous reconnaître et trouver le chemin de l'amour et de la bonté, de la douceur et de la charité, qui vous conduira vers ma lumière et ma sagesse ?...
... Oui, madame, nous sommes déjà dans l'enfer, puisque les hommes l'ont réalisé sur la Terre et que par un choc en retour inéluctable ils en sont les premières victimes.
En essayant, enfin, de créer la justice et l'amour, nous en serions les premiers bénéficiaires, mais il faut pour cela que le riche cesse d'être moins orgueilleux et qu'il devienne plus équitable, que le travailleur soit moins violent, mais plus digne, moins avili, mais plus ferme, afin de pouvoir réaliser, tous ensemble, la solidarité effective les uns envers les autres.
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