Je vous propose la lecture du message suivant : ENTRE DEUX GLOBES, Antoinette Bourdin, Cinquième existence proposé par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 216Février 2022 , Rédigé par Un spirite Publié dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
(PS) Les publications que je fais se trouvent également sur le forum
https://divulgation-spirite.forumactif.org/ pour la simple raison qu’ils sont disponibles plus facilement et plus longtemps, et peuvent bien sûr être partagé, le but étant d’atteindre le plus grand nombre d’intéressés possible. Si il y a un problème qui m’échappe faites le savoir, d’avance merci.
ENTRE DEUX GLOBES, Antoinette Bourdin, Cinquième existence
CHAPITRE XV Cinquième existence - Le jeune prêtre - Ses luttes intérieures - Sa mort - Retour dans le monde des Esprits - Te voilà prêtre, dit l’ange, l’enthousiasme s’est éveillé dans ton âme, tu as cru trouver dans cette vocation le bonheur parfait ; les entraves et les pièges ne devaient pas, selon toi, se rencontrer sur cette route gardée avec tant de savantes précautions. Dis-moi, quels ont été les fruits de cette nouvelle existence ? Ne crains pas de lire dans le grand livre du passé, cela fortifie pour l’avenir. Si tu as encore failli, ne te décourage pas : ne sommes-nous pas meilleurs dans le monde des esprits que sur la terre ? C’est pour cela que parmi les mortels il y a tant d’anges déchus. - Hélas ! Que te dirai-je, mon guide ? Encore dans cette nouvelle incarnation, j’avais trop compté sur mes forces ; mes ailes n’étaient pas assez larges pour me permettre de prendre mon essor au-dessus des misères de la vie. J’ai éprouvé pour la première fois l’amour du bien, et ce sentiment si noble en a éveillé un autre : c’était le besoin d’aimer, mais d’un amour pur. Autrefois, j’avais connu les passions dépravées, jamais l’amour. J’ai ressenti tous les traits brûlants de la convoitise qui sont d’autant plus persistants qu’on n’a point d’espoir de la satisfaire ; j’ai écouté, le coeur brisé par les tortures les plus cruelles, les confidences que mon ministère m’imposait ; j’entends encore ces mille voix de jeunes filles qui venaient se jeter à mes pieds pour obtenir le pardon de leurs égarements. Comme des démons pleins de pudeur elles étalaient à mes yeux tous les charmes de la séduction, et, comme des anges de pureté, elles ignoraient que le prêtre était un homme ; elles frappaient, frappaient sans pitié mon âme avec des flèches empoisonnées. Nous avons, me disaient-elles, des pensées étranges et des désirs nouveaux ; les caresses de nos mères ne nous suffisent plus, la prière expire sur nos lèvres et notre sommeil nous apporte des songes délicieux ; tout se montre a nous sous un aspect séduisant et le mot amour murmure doucement à nos oreilles, nous aimons et éprouvons le besoin d’être aimées. Et ces jeunes filles s’éloignaient absoutes, entraînant avec elles toute mon énergie.
Elles revenaient souvent avec les mêmes pensées, les mêmes rêves, et chaque fois elles déversaient dans mon coeur de nouvelles douleurs ; je restais anéanti, j’évoquais le doux souvenir de leurs regards et leurs paroles faisaient sans cesse écho dans mon âme. J’aimais ce mal, je ne cherchais pas à le guérir, il absorbait toute mon intelligence et me faisait négliger les devoirs essentiels de mon ministère ; j’éprouvais une sorte de répugnance à visiter les pauvres et les malades. Aux premiers je me contentais de donner quelques secours matériels sans les accompagner d’une parole d’encouragement, et les malades n’éprouvaient pas en ma présence la résignation dans leurs souffrances, et le détachement de la vie lorsqu’ils étaient mourants. Mon imagination était toujours en voyage, emportant avec elle toutes mes pensées ; j’écoutais avec distraction ce que l’on me disait, et je répondais laconiquement sans être bien sûr de parler juste. La prédication me plaisait mieux, j’abordais toujours des sujets en rapport avec l’état de mon âme, je savais mettre à découvert les replis les plus cachés du coeur humain, je mettais à jour les pensées, les faiblesses de tous, je cherchais pour eux un bonheur que je faisais naître par de brillantes images ; mes comparaisons, mes allégories enchantaient mes auditeurs, j’épanchais ainsi toute l’amertume de mon coeur et je me trouvais, par là, soulagé de cette contrainte que je devais garder dans le milieu où je vivais. Mes prédications m’attiraient un grand nombre de personnes avides de me confier leurs sentiments intimes, elles me demandaient des conseils, pensant qu’un médecin qui sait si bien trouver le mal doit aussi connaître le remède qui guérit ; mais elles ignoraient que, moi aussi, je souffrais de ce mal qui afflige les trois quarts de l’humanité et qui ne trouve un peu de soulagement que dans la rencontre d’un être idéal que l’on cherche toujours et qui répond si rarement à votre appel. Mais je vois maintenant que ces rêves de la terre ont été des réalités dans le monde des esprits : c’est là que l’on commence à aimer ; là des âmes sympathiques s’unissent par les liens les plus doux, non pas, comme les mortels, par des attraits tout sensuels, mais par une parfaite harmonie de sentiments. Lorsque ces âmes vont prendre de nouveau un corps pour mieux se soutenir dans le cours de cette existence terrestre où elles doivent marcher ensemble, elles se jurent une mutuelle et sincère amitié sur laquelle elles comptent pour se retrouver lorsque le moment sera venu, car elles n’ignorent pas que la mémoire s’efface sous le manteau de la chair. C’est ce qui explique cette mélancolie qui courbe tant de beaux fronts, fane tant de jeunes coeurs et renferme dans une discrète poésie tous les sentiments d’une égoïste réserve : l’on devient insensible et étranger à l'adversité, l’on se plaît avec ceux qui rêvent et qui cherchent au delà des rapports matériels, on espère, on attend. Mais le hasard n’est pour rien dans ces rencontres inattendues où une attraction indicible vous dévoile cet être mystérieux qui absorbait tous vos rêves et que vous attendiez instinctivement sans comprendre d’où venait cette inspiration si profondément empreinte dans votre esprit, les événements concourent avec les destinées pour ces sortes de rapprochements ; mais bien souvent ils sont entravés par l’agitation que l’on se donne en cherchant le bonheur matériel par des calculs égoïstes. Combien l’on s’éviterait d’épreuves et de déceptions, si l’on était plus confiant et si l’on ne forçait pas la destinée à dévier de sa route ! Ce que moi j’ai fait, hélas ! ! L’étude me plaisait parce qu’elle développait en moi des facultés en rapport avec mes conceptions poétiques ; mais il m’eût été impossible de me livrer à un travail manuel, mon esprit était trop absorbé pour s’y appliquer, et lorsque je connus les séductions qui accompagnaient ma carrière, il était trop tard pour y renoncer.
Un jour j’ai rencontré cette âme, soeur de la mienne, elle est venue aussi me demander le pardon, mais sa voix était tremblante et son esprit éprouvait un trouble qui me gagna aussitôt : nos coeurs venaient de se reconnaître. Notre premier regard renfermait toute une révélation ; le souffle de cette femme a effleuré mon visage, il a été pour moi le souffle de la mort, et pourtant elle ne m’avait dit que ce mot que j’avais entendu si souvent : « J'aime », et une subite rougeur avait coloré son visage, et deux larmes brûlantes avaient brillé dans ses yeux. De quel mystère, ô mon Dieu ! tu entoures notre pauvre humanité !... Cette jeune fille que j’ai aimée subitement, sans me rendre compte d’où venait cet amour, cet ange qui est venu me dire : « J’aime », était cette mère dévouée de ma dernière incarnation. Elle aussi avait repris un corps, elle devait être mon épouse pour semer de fleurs le chemin de mon existence et s’attacher plus directement à moi dans cette seconde phase de la vie où la mère perd une si grande partie de son influence sur ses enfants. Que ce dévouement est grand et digne de toute notre vénération et comme j’étonnerais, en le révélant, ceux qui ne comprennent pas la nature des esprits ! Lorsqu’une âme quitte la terre, elle y laisse tout ce qui est matière, et cet esprit, rajeuni moralement, n’a plus d’âge, n’a plus d’infirmités ; on ne peut juger si la mort est venue frapper un vieillard ou un enfant. Cette même âme peut donc reprendre à son gré un nouveau corps sans garder aucun souvenir, aucune trace du passé si ce n’est un amour pur et désintéressé, qui reste gravé en elle. Une mère et une épouse ne sont-elles pas des anges visibles qui veillent sur le genre humain !
J’aimais cette jeune fille, mais d’un amour exempt de passions, ses sentiments étaient les mêmes pour moi. Oh ! Que de doux moments nous avons passés à nous entretenir des choses célestes ! Ce n’étaient plus des péchés qui venaient frapper mon oreille à travers cette grille du confessionnal, mais une douce harmonie pour adoucir mon coeur découragé. Comme elle était ingénieuse pour détourner les regrets dont mon âme était obsédée, lorsque je maudissais les liens qui me fixaient au célibat ! Elle m’inspirait des pensées sublimes sur notre avenir spirituel ; mes prières étaient plus ferventes et je sentais que je devenais meilleur ; notre amitié prenait tous les jours une plus sainte intimité, nous déplorions ensemble les erreurs et les égarements de ceux qui doivent donner la nourriture aux âmes et cultiver leur intelligence, et nous rêvions, pour un avenir encore bien éloigné, une religion plus libre, dépouillée des langes qui la serrent si douloureusement en comprimant son sein maternel : « Ses enfants souffrent, me disait-elle, ils ont faim et soif de la vérité ; ils désirent une lumière plus vive ; ils demandent avec ardeur de connaître plus complètement leurs futures destinées ». Mais ce raisonnement me semblait rétrécir le cercle autour duquel je tournais : si nos causeries donnaient du calme à mon coeur, elles exaltaient vivement mon esprit, nous parlions avec enthousiasme de ce monde spirituel où nous espérions nous unir pour ne plus nous quitter ; mais le moment qui me séparait de ce bonheur me paraissait bien éloigné et l’impossibilité de mettre au jour mes idées nouvelles me rendait malheureux. La vie me devint à charge, et cet amour que je voulais conserver pur m’occasionna beaucoup de combats intérieurs où d’anciennes passions cherchaient à revendiquer leurs droits. Je reconnus alors que si le bonheur n’est pas complet, il devient une rude épreuve. Ma santé ne put soutenir longtemps cette lutte et une longue maladie me priva de la présence de mon amie, ce qui aggrava mon état. La mort vint enfin me délivrer de mes cruelles souffrances ; mais je n’ai pas trouvé dans le monde des esprits toutes les satisfactions que j’avais rêvées, j’étais dans l’isolement et l’inaction ; celle que j’aimais était encore sur la terre, plus pure que moi, elle n’avait pas à endurer les luttes intérieures auxquelles j’avais succombé ; quoiqu’elle fût vivement affligée de ma mort, son courage ne subit aucune altération, elle profitait de ses tristesses et de ses douleurs pour mieux compatir à celles de son prochain, elle consacrait sa vie à faire le bien ; les prières qu’elle adressait à Dieu pour moi étaient la seule satisfaction que je goûtais ; je la voyais sur la terre toujours active, se faisant une famille de pauvres et de malades.
Lorsqu’elle regardait le ciel, je lisais dans ses yeux la résignation la plus parfaite, tandis qu’à l’état d’esprit je l’attendais à ce rendez-vous avec la plus vive impatience. Que j’ai souffert de cette attente ! Elle ne cessa que lorsque cet ange quitta la terre pour goûter le bonheur que ses bonnes actions lui avaient préparé ; elle vint directement à moi et elle fut ma délivrance. Je ne songeai plus alors qu’à m’enivrer d’une joie sans mélange, je m’attachai étroitement à elle et je cherchai à m’éloigner promptement des lieux où je l’avais attendue si longtemps, mais elle m’arrêta… « Ici me dit-elle avec un regard plein de douceur, je redeviens ta mère, puisque je n’ai pu être ton épouse ; tu as bien souffert, mon pauvre enfant, mais prends courage, viens attendre auprès de moi que ton âme se fortifie et nous pourrons ensuite redescendre ensemble sur la terre. Tes dernières souffrances ont été sans profit pour ton avancement, parce que tu as trop présumé de tes forces en embrassant la vocation religieuse, ton âme a fléchi en écoutant l’aveu des faiblesses d’autrui et tu t’es cru assez fort pour les relever. C’est la dernière épreuve terrestre qu’un esprit devrait choisir, parce qu’alors toutes ses passions seraient éteintes et que ses vertus seraient éveillées ; il faut prêcher par l’exemple autant que par la parole et avoir pour cela le courage et le désintéressement. Le courage ! Comme il est admiré, lorsque sur la terre un homme dans un élan spontané expose sa vie pour sauver celle d’un inconnu ! Mais combien est encore plus digne d’éloges celui qui, dans une longue existence, fait à la société le sacrifice non-seulement de sa vie, mais de tout ce qu’il possède d’éléments généreux, souvent au détriment de sa tranquillité personnelle, affrontant les injures, faisant le bien sans compter sur ce retour bien légitime, « la reconnaissance », et arrivant ainsi au terme de sa carrière où il sent avoir atteint le degré suprême qui indique que l’esprit a dominé la chair ». - Je m’attachais à ce guide, pour lequel je n’éprouvais plus d’autre sentiment qu’un profond amour filial. J’ai passé encore bien des années au milieu des nombreux esprits qui se dévouent à préparer les âmes faibles pour de nouvelles luttes, et enfin, je vois maintenant que ce pénible pèlerinage est achevé, je deviens Ludovic Marcel, et cet ange a tenu sa parole, c’était Marie… Elle a été mon épouse. Les événements qui nous ont rapprochés n’ont pas été entravés, notre destinée s’est accomplie sans effort, au milieu des épreuves les plus cruelles ; l’attachement que j’avais pour elle était si grand que mon courage et ma vie diminuaient à mesure que le moment de notre séparation approchait. Maintenant, ô ma mère, tu sais tout !.... Je suis accablé de fatigue, les émotions que j’ai ressenties dans les révélations que je viens de te faire me font craindre que tout ne soit pas fini et que j’aurai encore d’autres incarnations à subir, bien pénibles sans doute, mais qui m’affermiront dans une forte volonté qui me mettra au-dessus des misères de la vie. - Oui, Ludovic, dit l’ange, tu reprendras de nouveau un corps, mais tu n’auras plus des guides dévoués pour t’assister visiblement ; tu as été soutenu pendant que tu étais faible, il faut qu’à ton tour tu soutiennes d’autres faiblesses, en acceptant, au sein de ta famille, des esprits qui doivent progresser sous ta direction. Les âmes qui ont atteint ce degré doivent sacrifier toutes les joies légitimes du bonheur pour aider à vaincre, par leurs conseils et leur douceur, les mauvais penchants d’un père, d’une mère, d’une épouse ou d’un enfant ; elles éprouveront souvent de la tristesse et réussiront rarement à réaliser le bien qu’elles désireraient pour ceux qu’elles aiment malgré leurs vices et leur ingratitude ; c’est surtout à cette école de combat de contrastes, qu’une âme dévouée se fortifie et progresse toujours. Lorsque des mortels font abnégation de leur bonheur pour des esprits arriérés, il y a des amis invisibles qui les soutiennent en répandant sur eux cette attraction surnaturelle et bienfaisante qui fait naître tant de sentiments dans des âmes sympathiques.
Partager cet article