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 Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ?

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jean-pierre Abel




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MessageSujet: Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ?   Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ? Icon_minitimeVen 21 Mai - 11:21

Je vous propose la lecture du message suivant : Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ? proposé par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 21 Mai , Rédigé par Un spirite Publié dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
LES ÉVANGILES, CHAPITRE II
LES ÉVANGILES Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ? – Les Evangiles dits apocryphes. – Les Evangiles dits canoniques. – Copies falsifiées ou modifiées. – Saint Jérôme chargé de présenter une rédaction définitive en latin. – Sa préface et ses aveux. – Révision en 1586. – Seconde révision en 1590. – Respect des Evangiles, mais réserve d'appréciation quant aux textes. – Raisons de cette réserve. 123. – S'il est un livre sur te texte duquel on ait disserté, épilogué, écrit des monceaux de commentaires pour n'arriver cependant qu'à jeter un peu plus de désordre dans les idées, de doute dans les esprits, sans contredit c'est celui des Evangiles. Comment de ce livre qui, sans prétention à l'authenticité, n'avait d'autre but que de retracer à ceux qui ne l'avaient pas connu, les principaux actes et les enseignements de Jésus, l'esprit humain est-il parvenu à faire sortir les doctrines qui se résument dans les trois grandes branches du christianisme : Catholicisme, Protestantisme, Religion grecque, et cela après avoir préalablement traversé les mille autres systèmes religieux qui ont été qualifiés d'hérésies ? Pour le comprendre, ou, tout au moins, pour s'en rendre compte, il faut se reporter aux trois premiers siècles qui ont suivi la mort de Jésus.
124. − L'enseignement des Apôtres, dont plusieurs, simples pêcheurs du lac de Tibériade, ne savaient probablement pas lire , fut d'abord un enseignement verbal. Jésus les avait choisis pour 55 la plupart dans la classe la moins élevée, voulant prouver sans doute que sa doctrine si simple, et que l'homme devait rendre si compliquée, n'avait pas besoin, pour être comprise, d'une intelligence au-dessus de la médiocrité. − Aussi les Apôtres se bornaient-ils à raconter ce qu'ils avaient vu ; à rapporter ce qu'ils avaient entendu ; à proclamer dans un siècle polythéiste l'unité de Dieu ; son amour pour sa créature ; la Charité qui devait unir les hommes et en faire des Frères, puisqu'ils étaient les enfants d'un même Père ; la nécessité de la pénitence, c'est-à-dire de la réparation, non pas d'une faute commise par notre premier père, mais par la créature elle-même dans ses existences précédentes. − Cette nécessité, ils lui avaient imprimé une forme matérielle par l'image du Baptême emprunté à la secte des Esséniens dont Jean-Baptiste faisait probablement partie, voulant témoigner par cette purification spirituelle que l'homme devait accomplir par la pénitence et les bonnes oeuvres. − Comme ces mêmes Esséniens qui furent les 56 précurseurs de Jésus, les Apôtres proclamaient enfin l'immortalité de l'âme et la résurrection, c'est-à-dire la rentrée dans la vie spirite. De ces bases générales de son enseignement, Jésus avait fait découler la morale éparse dans ses discours, et les Apôtres s'en allaient le répétant, formant des prosélytes parmi les Juifs, parce qu'enseignement et morale ne présentaient rien de contraire à leur religion, et la preuve, c'est que Jésus, comme les Apôtres, prêchait dans le Temple et dans les synagogues. 125. – Survient Paul, homme instruit dans les lettres grecques, dans la loi judaïque, Pharisien dédaigneux de ces pauvres premiers ministres de Jésus avec lesquels il ne daigne pas même se mettre en rapport, tout au moins dans les premières années qui suivirent sa conversion ; et lui qui n'a jamais connu Jésus, qui n'a encore jamais vu et entendu les Apôtres, il se pose devant eux comme seul dispensateur de la vérité , comme Apôtre , morigénant Pierre, lui résistant en face, 5758« parce qu'il était répréhensible ». 59 Huit ou dix ans après la mort de Jésus, deux courants chrétiens s'étaient donc déjà formés l'un représenté par les quelques rares apôtres demeurés à Jérusalem, l'autre par saint Paul prêchant, à Damas et à Antioche, un Evangile qu'il déclare lui-même « n'avoir ni reçu ni appris d'aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ », et qu'il commentera bientôt dans des Epîtres d'un nuageux tel que leur sens échappe le plus souvent à la pensée . 60
Cette situation était encore celle des Eglises lorsque survint la révolte des Juifs contre Néron, la guerre de Judée qui en fut la suite et dont la direction, d'abord confiée à Vespasien, fut transmise par lui à son fils Titus et se termina en 70 par la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et une nouvelle dispersion du peuple juif. – A cette date, et à l'exception de deux Apôtres (saint Jean, résidant à Ephèse, et saint Philippe, en Phrygie), tous les autres étaient morts, morts souvent on ne sait où : qui en Perse, qui en Ethiopie, où ils avaient été prêcher la doctrine du Maitre. Par conséquent, le lien que la personne des Apôtres avait momentanément établi entre les chrétiens s'était dénoué ; 1'Eglise apostolique était détruite ; les chrétiens ne se trouvaient plus réunis que par groupes, et chaque groupe, auquel on avait donné le nom d'Eglise (ecclesia, réunion, assemblée), isolé des autres, s'était constitué sous la direction d'un Evêque nommé à l'élection. – Comment, au milieu d'événements politiques pareils à ceux qui désolaient la Judée, avec une semblable organisation, avec la difficulté des rapports entre les différentes Eglises, en l'absence d'une direction qui n'existait plus nulle part, l'unité de doctrine eût-elle pu se maintenir ! Chaque groupe vécut donc isolé, recevant l'enseignement de son Evêque qui n'avait pour se conduire lui-même qu'une tradition de plus en plus viciée et quelques opuscules dans lesquels on avait cherché à résumer les actes et les paroles de Jésus. Mais, actes et paroles, chaque Evêque devait les commenter devant les disciples, et personne d'autorisé n'était là pour contrôler les explications données. 126. – L'enseignement des Evêques portés à l’Episcopat par l'élection, c'est-à-dire parce qu'ils professaient la doctrine qui avait la majorité dans le groupe chrétien, eut bientôt à lutter contre une difficulté nouvelle. Plusieurs siècles avant Jésus, de grands philosophes avaient déjà émis des systèmes qui avaient apporté au monde un commencement de lumière. Ces systèmes, dont Pythagore était allé puiser les éléments en Egypte où il fut initié aux Mystères, et dans l'Inde , propagés par ses disciples, 61développés par Platon, s'étaient répandus en Asie Mineure, en Syrie, en Egypte, et ils avaient, en outre, pénétré sur un grand nombre de points où s'étaient établies des colonies grecques. – Les disciples de ces grands philosophes avaient à leur tour ouvert des Ecoles dans les principales cités, et nombre d'élèves étaient venus de toutes parts y apprendre les belles lettres, la philosophie et l'éloquence. Plusieurs d'entre eux étaient devenus célèbres en interprétant les doctrines dont ils s'étaient faits les propagateurs et en donnant le commentaire des principes posés par les maîtres dont ils avaient embrassé les opinions, faisant ainsi, à l'égard des doctrines de Pythagore, de Platon, de Zénon et de plusieurs autres, ce que les Pères de l'Église allaient bientôt faire à l'égard de l'enseignement de Jésus.
Après la mort des Apôtres, et déjà même de leur vivant, les Eglises, ou pour parler plus exactement, les groupes chrétiens compris sous cette appellation, se trouvèrent en présence de ces Ecoles philosophiques répandues en maints endroits, et dont la plus célèbre fut l'Ecole d'Alexandrie. La morale qui découlait du christianisme était trop pure, trop élevée pour ne pas appeler l'attention des chefs de ces Ecoles et de leurs élèves. De là, naquirent entre chrétiens et philosophes des discussions sur la nature de Dieu, sur celle des Anges, sur leur rôle dans la création, sur la nature de Jésus ; de là encore des dissertations sur l'immortalité de l'âme, sur la résurrection interprétée, par les uns comme s'appliquant à l'âme, par les autres comme s'appliquant au corps, etc… Or, il faut bien le reconnaître, les premiers disciples n'étaient pas préparés par leurs études à de pareilles discussions, car les Pharisiens, C'est-à-dire les Juifs, plus particulièrement initiés à la connaissance de la Loi et de la Philosophie juive, avaient non seulement repoussé la nouvelle doctrine, mais encore, unis à la puissance sacerdotale, ils avaient fait traîner Jésus au Calvaire. L'élément chrétien d'origine juive, formé de la classe la moins instruite, ne tarda donc pas à subir l'influence de l'élément chrétien d'origine grecque, qui, imprégnant le Christianisme naissant des doctrines pythagoricienne, platonicienne et néo-platonicienne, finit par l'amener au Verbe, c'est-à dire au Logos de Platon. 127. – C'est dans ces conditions, au milieu de ces discussions souvent acrimonieuses entre les Evêques et les chefs des Ecoles philosophiques, – quand ce n'était pas entre Evêques, – discussions qui plus tard devaient occasionner des troubles sanglants dans l'Empire, que furent écrits les Evangiles, recueil de légendes et d'enseignements transmis d'abord par les Apôtres, commentés et développés ensuite par les Evêques dans les groupes dont ils avaient été élus directeurs. C'est ainsi que l'on vit éclore cette multitude d'Evangiles auxquels saint Luc fait allusion dans le premier verset de celui qui porte son nom. Il ne faudrait pas croire, en effet, que les quatre Evangiles désignés sous le nom de Canoniques soient les seuls qui aient été en honneur pendant le Ier et même pendant le IIe siècle. Aussi Origène, qui vivait au commencement du IIIe siècle, écrivait-il : « Beaucoup se sont efforcés d'écrire des Evangiles, mais tous n'ont point été acceptés. Il faut donc que vous sachiez, qu'il n'y en a pas eu seulement quatre, mais un plus grand nombre, parmi lesquels ceux que nous avons ont été choisis et livrés aux Eglises ». Parmi les Evangiles rejetés, nous citerons : 62
L'Evangile des Douze Apôtres, L'Evangile selon saint Pierre, L'Evangile selon les Egyptiens, L'Evangile de l'Enfance du Christ, L'Evangile selon saint Thomas, L'Evangile selon Nicodème, L'Evangile selon saint André, L'Evangile selon saint Barthélemy, L'Evangile d'Apelles, L'Evangile de Corinthe, L'Evangile de Basilide, L'Evangile de Valentin, L'Evangile des Simoniens, L'Evangile selon saint Mathias, L'Evangile selon saint Jude, L'Evangile selon saint Barnabé, L'Evangile selon les Syriens, L'Evangile selon les Hébreux, L'Evangile selon les Nazaréens , etc. 63Nous citons cet Evangile le dernier, bien que, probablement, il soit le plus ancien et qu'il ait servi de modèle à celui de saint Matthieu, s'il n'est pas lui-même l'Evangile de saint Matthieu . 64A part les cinq Evangiles dont les auteurs sont indiqués en caractères italiques, on voit que les uns sont placés sous une appellation générique et que les autres ont la prétention vraie ou fausse, de reproduire l'enseignement donné par tel ou tel personnage et recueilli par quelque chrétien converti par celui-ci ; c'est là ce qui explique cette formule : Evangile selon… Nous ne connaissons ces Evangiles que par leur titre et par certains extraits que l'on rencontre dans les écrits de ces premiers lutteurs chrétiens que l'on a appelés Pères de l'Eglise et qui, suivant l'expression d'un Esprit, « en ont été les destructeurs ». 65 Tous les Evangiles dont nous venons de citer les noms ont été déclarés apocryphes. A quelle époque ? On suppose que ce fut vers le milieu du IIe siècle. Par qui ? Evidemment par ceux dont ils gênaient l’opinion. – Il parait cependant qu'il y avait du bon dans les Evangiles qualifiés d'Apocryphes, car aucun des quatre Evangiles canoniques ne parle de la descente de Jésus aux enfers, qui est cependant un article de foi que nous devons croire sous peine de damnation, puisque mention en est faite dans le symbole formulé par le concile de Nicée en 325. Mais où donc ce concile a-t-il puisé l'idée de la descente de Jésus aux enfers ? Où ? Précisément dans un Evangile apocryphe, dans l'Evangile de Nicodème, de ce docteur juif signalé par saint Jean comme ayant embrassé secrètement la doctrine de Jésus. 128. – Nous ne viendrons pas discuter ici la question de savoir quels sont les véritables auteurs des quatre Evangiles canoniques, et s'ils ont été véritablement écrits par les hommes dont ils portent le nom. – La question, à notre point de vue, n'est que secondaire, et il nous suffit que la tradition des premiers siècles nous les signale comme ayant le mieux reproduit les actes et les paroles de Jésus. – Mais ce qui est incontestable, c'est la dissemblance marquée qui existe entre les trois premiers et celui qui est attribué à saint Jean. Evangile qui a été probablement écrit par lui ou sous son inspiration vers l'année 96, époque de son retour à Ephèse. On sent à la lecture de cet Evangile le Mysticisme qui a commencé à envahir le Christianisme, et le chrétien qui a été plus particulièrement en rapport avec les philosophes grecs de l'Asie-Mineure. Mais si nous ne nous arrêtons pas à la question d'ailleurs insoluble de savoir quels sont les véritables auteurs des Evangiles canoniques ; si nous ne la considérons que comme secondaire, il en est une autre à laquelle nous devons prêter une attention toute spéciale ; c'est celle-ci : Quelle confiance peut-on avoir raisonnablement dans les faits rapportés par les Evangiles et dans les termes employés pour retracer les paroles de Jésus ? 129. – Tout d'abord, pourquoi n'ajoutons-nous pas une foi entière à tous les faits ? Parce que certains d'entre eux sont ou absurdes ou impossibles. Parmi les faits absurdes, nous placerons la Tentation de Jésus que l'Eglise offre à notre foi dans ce même livre, d'où elle prétend déduire sa divinité ; de Jésus promené par Satan sur les plus hautes montagnes, sur le sommet du Temple, et auquel le Diable offre tous les biens de la Terre, pourvu qu'il consente à l'adorer. A adorer qui ? Ce Satan si mal renseigné, si ignorant des choses qui l'intéressent, puisqu'il s'agit pour lui de la perte de son empire, et qui ne sait pas même qu'il s'adresse à Dieu ! – Nous plaçons dans la même catégorie ce tout aussi absurde massacre des Innocents sur lequel les historiens se taisent, dont parle un seul Evangéliste, crime tellement horrible qu'il eût ému le monde païen tout entier. – Nous y plaçons ce changement de l'eau en vin dont parle encore un seul Evangéliste, cette espèce de tour à la Robert-Houdin qui n'a pu être inventé que dans un moment d'ivresse par l'un des faiseurs de légendes du Ier siècle. Parmi les faits impossibles , nous reléguons la résurrection de Lazare, de ce cadavre déjà 66 fétide, résurrection dont il n'est parlé, ni dans les trois premiers Évangiles, ni dans les Actes, ni 67dans les Épîtres, et qui, s'il s'était produit, aurait fait tomber le monde entier aux pieds de Jésus, tandis qu'il n'y est fait allusion que dans le quatrième Évangile, soixante-trois ans après la mort de Jésus, loin de Jérusalem et, par conséquent, des chrétiens qui auraient pu y contredire. – De telle sorte que l'Église voudrait faire admettre à notre raison que les trois premiers Évangélistes auraient relevé avec soin les guérisons accomplies par le Maitre (et dont la plupart nous semblent admissibles avec les explications que nous en donnerons), tandis qu'ils auraient omis de parler de l'acte le plus considérable de Jésus, d'un vrai miracle enfin ! Comment ! nous dira-t-on, vous accusez saint Jean d'avoir menti ! Nullement. Nous accusons les interpolateurs dont nous allons parler ; nous accusons ceux qui, dans les luttes qui ont suivi la mort de Jésus, n'ont pas craint, pour se créer des arguments, de dénaturer les textes comme tant 68 d'autres ont dénaturé sa doctrine. – Veut-on que nous allions plus loin encore ? Soit. – Nous dirons donc que nous admettons la bonne foi des premiers chrétiens qui, sur l'affirmation de quelque fidèle, ont cru à la résurrection de Lazare, et, y croyant eux-mêmes, ont contribué à faire admettre cette légende en la répétant, comme nous admettons la bonne foi de nombre de catholiques actuels qui croient au transport à travers les airs, et par l'entremise des Anges, de la maison de Marie, de Galilée en Dalmatie, en 1291 – on cite la date – et au second transport, de la même maison, par la même voie, et par la même entremise, de Dalmatie à Lorette, quelques années plus tard. Si, au XIIIe siècle, et dans un intérêt que nous ignorons, on a pu faire admettre de pareilles énormités, nous ne voyons pas pourquoi, au Ier ou au IIe, on n'a pas pu faire admettre la résurrection de Lazare.
130. – Nous venons de dire pourquoi nous n'avons qu'une confiance éclectique dans les faits rapportés par les Évangiles ; nous allons dire maintenant pourquoi nous n'avons que la même confiance dans les mots par lesquels les auteurs des Evangiles ont cherché à reproduire les paroles du Maître. Rappelons tout d'abord, pour mémoire, que l'imprimerie n'a été découverte que vers l'année 1486, il y a un peu plus de quatre siècles ; qu'avant l'apparition de cet admirable instrument à qui nous sommes redevables de l'expansion des connaissances humaines, l'impression était remplacée par des copies faites à la main qui n'offraient d'autre garantie que celle du copiste lui-même. Or, ne serait-ce pas lutter contre l'évidence que de méconnaître qu'au milieu des discussions d'École qui se produisirent presque immédiatement après la mort de Jésus, discussions dont l'imagination ne saurait se faire une idée exacte, de disputes roulant sur de pointes d'aiguille , de luttes 69passionnées qui allèrent jusqu'à occasionner des troubles sanglants dans l'Empire, chaque secte, chaque Ecole, nous pourrions dire chaque copiste s'arrangea un Évangile, supprimant ou modifiant ce qui était contraire à ses idées, ajoutant ce qui paraissait y répondre le mieux, se gardant bien, dans tous les cas de fournir une arme contre son opinion, ou plaçant en marge de son exemplaire des commentaires qu'un autre copiste intercalait dans le texte dont ils devenaient ainsi partie intégrante. – Ce n'est pas là une supposition : nous venons de voir Celse faire ouvertement ce reproche aux Chrétiens de son temps, et nous allons voir saint Jérôme, le traducteur de la Vulgate, déclarer lui-même qu'à la fin du IVe siècle, sur les nombreuses copies des Évangiles qu'il avait réunies en vue de son travail, on n'en rencontrait pas deux qui se ressemblassent. – Qui pourrait s'en étonner ? Supposons que, de nos jours, l'imprimerie n'existe pas ; que nous soyons réduits, pour conserver les travaux des grands hommes qui nous ont précédés, à recourir à des Copies faites à la main, les mêmes faits ne se produiraient-ils pas, surtout s'il s'agissait d'ouvrages touchant à des questions qui passionnent par leur nature et servent de base à des doctrines, et, à plus forte raison, à des dogmes.
Frappé des inconvénients de cette variété infinie de textes, le pape Damase chargea, en 384, – c'est-à-dire au moment même où trois ou quatre conciles venaient de discuter sur la nature de Jésus, se prononçant d'ailleurs, les uns en faveur, les autres contre sa divinité, – chargea, disons-nous, saint Jérôme de rédiger une traduction latine de l'Ancien et du Nouveau Testament, traduction qui, seule, serait admise comme orthodoxe dans les Églises sur lesquelles Théodose, fatigué de toutes les discussions auxquelles se livraient les Evêques, réunis en conciles, venait de constituer effectivement la suprématie du Pape en édictant que, désormais, les chrétiens devraient croire ce qui leur serait enseigné par le pape. – C'est cette traduction, faite elle-même sur une première traduction de l'hébreu en grec (pour les Évangiles de saint Matthieu et probablement de saint Marc, et d'après une copie grecque pour les deux autres), qui est devenue ce que l'on appelle la Vulgate. 131. – Saint Jérôme, en adressant successivement ses travaux au pape Damase, au fur et à mesure de leur achèvement, faisait précéder chaque partie d'une préface, dont la réunion constitue un livre célèbre que l'on appelle : Les préfaces de saint Jérôme. Voici quelques extraits de celle qu'il a placée de sa traduction latine des Évangiles : « D'un ancien ouvrage, écrit-il, en s'adressant au Pape, vous m'obligez à en faire un nouveau. Vous voulez que je me place en quelque sorte comme arbitre entre les exemplaires des écritures qui sont dispersés dans tout le monde et, comme ils diffèrent entre eux, que je distingue ceux qui sont d'accord avec la vérité grecque. C'est là un pieux labeur, mais c'est aussi une périlleuse hardiesse de la part de celui qui doit être jugé par tous, de juger lui-même les autres, de vouloir changer la langue d'un vieillard et de ramener à l'enfance le monde déjà vieux. Quel est, en effet, le savant, ou même l'ignorant, qui, lorsqu'il aura en main un exemplaire (nouveau), après l'avoir parcouru seulement une fois, voyant qu'il est en désaccord avec celui qu'il est habitué à lire, ne se mette aussitôt à pousser des cris, prétendant que je suis un sacrilège, un faussaire, parce que j'aurai osé ajouter, changer, corriger quelque chose dans les livres anciens ? (Me clamitans esse sacrilegum qui audeam aliquid in veteribus libris addere, mutare, corrigere .) 70Un double motif me console de cette accusation. Le premier, c'est que vous, qui êtes le souverain pontife, m'ordonnez de le faire ; le second, c'est que la vérité ne saurait exister dans des choses qui diffèrent, alors même qu'elles auraient pour elles l'approbation des méchants. » Saint Jérôme termine ainsi : « Cette courte préface s'applique seulement aux quatre Evangiles dont l'ordre est le suivant : Mathieu, Marc, Luc, Jean. Après avoir comparé un certain nombre d'exemplaires grecs, mais des anciens, qui ne s'éloignent pas beaucoup de la version italique, nous les avons combinés de telle manière (ita calamo temperavimus) que, corrigeant seulement ce qui nous paraissait altérer le sens, nous avons maintenu le reste tel qu'il était. » (Ut his tantum quӕ sen sum videbantur mutare correctis, reliqua manere pateremur ut fuerant) . 71132 – Voici donc qui est clair : saint Jérôme chargé par le pape Damase de rédiger en latin un texte officiel des Évangiles dont chaque copie différait des autres (tot sunt enim exemplaria quot codices) prend un certain nombre de copies faites sur des exemplaires grecs qui, pour Mathieu et Marc, constituent déjà une première traduction ; il les compare avec la version italique ; de cette comparaison déduit un texte ; en traduisant, il corrige les passages dans lesquels le sens lui parait altéré et insère dans sa traduction ceux qui se trouvent dans certaines copies et qui ne figurent pas dans les autres, notamment l'épisode de la femme adultère. (S. Jean, VIII, 3 à 11.) De telle sorte que si saint Jérôme, au lieu de prendre les exemplaires des Évangiles qu'il a choisis pour faire son travail, en avait choisi d'autres, nous aurions aujourd'hui, pour la Vulgate, un texte autre que celui que nous possédons.
L'Eglise romaine dispose donc, après le travail de saint Jérôme, d'une version latine des Évangiles canoniques ; elle est revêtue de l'approbation du Pape. Et cependant cette traduction qui avait été trouvée bonne depuis l'an 386 jusqu'à l'année 1586 ; qui avait été approuvée le 8 avril 1546 par le Concile de Trente, concile oecuménique, va être jugée fautive par Sixte-Quint, agissant de sa seule autorité. Ce Pape en prescrivit une révision qui donna lieu, en 1590, à l'édition qui porte son nom, édition qui fut elle-même jugée fautive par son successeur, Clément VIII, et aboutit à une édition nouvelle qui est celle en usage aujourd'hui. Telle est l'histoire de la Vulgate d'après laquelle ont été faites les traductions françaises des livres canoniques déjà soumis, pour les uns, à une et, pour les autres, à deux traductions. 133. – Nous venons d'exposer le premier motif qui nous oblige à n'avoir qu'une confiance relative dans les mots et, notamment, dans les paroles rapportées comme venant de Jésus. Nous en avons un second : c'est celui que nous apporte la raison. Les Évangiles, avons-nous dit, ont été écrits un certain nombre d'années après la mort de Jésus pour servir à l'enseignement de ceux qui ne l’avaient pas connu. Des quatre évangélistes, retranchons Marc et Luc, qui n'ont jamais vu Jésus, et qui ne parlent que de ce qu'ils ont ouï-dire ; il ne reste donc plus que deux évangélistes : Mathieu et Jean qui, ayant vécu de la vie de Jésus, auraient pu nous transmettre ses paroles. Or, Mathieu, en admettant qu'il soit l'auteur de l'Évangile qui porte son nom, l'aurait écrit vers l'an 42 ou 43, disent quelques-uns en se basant sur nous ne savons quelle autorité, et Jean aurait rédigé le sien vers l'an 96 à son retour de Rome à Ephèse. Eh bien, nous ne craignons pas d'affirmer qu'en reconnaissant à l'un et à l'autre de ces évangélistes la mémoire la plus extraordinaire, la plus merveilleuse, écrivant de dix à soixante-trois ans après la mort du Maître, ils n'ont pu avoir la prétention de retracer ses paroles que par à peu près. Supposons, en effet, que, non pas dix ans, mais que dix minutes après avoir eu avec un personnage aussi élevé que vous pourrez le rêver une conversation du plus haut intérêt, vous vouliez la retracer par écrit, est-ce que vous aurez la prétention d'en reproduire les termes mêmes ? Nullement ; vous en direz le sens, çà et là vous en donnerez quelques mots qui vous auront spécialement frappé, et ce sera tout. S'il en est ainsi, comment pourriez-vous nous demander d'admettre que les Evangiles écrits nombre d'années après la mort de Jésus, offrent la reproduction exacte de ses paroles et que nous n'ayons pas le droit de les discuter. La preuve que ce droit nous appartient, c'est que les évangélistes, en rapportant les paroles de Jésus, se servent souvent de mots différents qui modifient quelquefois jusqu'au sens.
Sur les faits eux-mêmes, les évangélistes ne sont pas d'accord. Prenons l'Ascension de Jésus qui, aux yeux de l'enseignement chrétien, a une importance telle qu'il ne pouvait échapper aux auteurs des Evangiles. Que constatons-nous ? Que saint Mathieu et saint Jean, c'est-à-dire les deux seuls compagnons de Jésus qui nous aient laissé des Évangiles, n'en parlent pas ; que saint Marc la place à Jérusalem même (XVI, 14, 19 combinés) et que saint Luc déclare qu'elle se produisit à Béthanie (XXIV, 50, 51), village situé 72 près de Jérusalem.
La vérité, dirons-nous après saint Jérôme, ne saurait exister dans des affirmations ou des textes qui diffèrent. Dès lors, auquel croire ? Donc il faut reconnaître que les Évangiles sont discutables sur un point ; s’ils le sont sur un point, ils le sont sur tous. Et d'ailleurs nous en appelons à la froide raison de ceux qui nous liront et nous leur demanderons : Croyez-vous que le dernier chapitre de saint Jean soit de lui ? Croyez-vous que le verset 31 du chap. XX ne terminât pas primitivement cet Évangile ? Ce verset n'indique-t-il pas une péroraison, une conclusion, une fin ? D'un autre côté, le premier verset du chapitre XXI ne constitue-t-il pas un raccordement ? Si ce chapitre a été ajouté, d'autres parties de cet Évangile, et notamment l'épisode de la résurrection de Lazare, n'ont-ils pas pu l'être, comme l'a été, celui de la femme adultère. Croyez-vous que saint Jean aurait pu s'attribuer la qualification de disciple que Jésus aimait, qualification qui ne lui est d'ailleurs accordée que dans ce dernier chapitre ? Ne doit-on pas voir dans ces mots la preuve que ce n'est plus saint Jean qui parle en admettant que ce soit lui qui ait pu composer les chapitres précédents à l'âge de quatre-vingt-treize ou quatre-vingt-quatorze ans ! Croyez-vous enfin que saint Jean ait pu écrire des naïvetés de la force de celles que l'on rencontre dans les deux versets suivants du chapitre XXI et, si vous le croyez, quelle opinion avez-vous donc de cet évangéliste ! 12. — Jésus leur dit : Venez prendre votre repas. Et aucun de ceux qui étaient assis N'OSAIT LUI DEMANDER : Qui es-tu ? SACHANT QUE C'ÉTAIT LE SEIGNEUR... 25. – I1 y a encore beaucoup de choses que Jésus a faites. Si elles étaient rapportées en détail, JE NE PENSE PAS QUE LE MONDE ENTIER PUT CONTENIR LES LIVRES QUE L'ON EN ÉCRIRAIT. Si, la main sur la conscience, et quelle que soit votre loi, vous vous répondez : Non, le chapitre XXI n'est pas l'oeuvre de saint Jean, il a été ajouté, ne reconnaîtrez-vous pas par cela même que d'autres interpolations de mots, de phrases ont pu être apportées à son oeuvre comme à celle des autres évangélistes ? 134. – Notre intention étant, dans les derniers chapitres de ce livre, de prouver en nous appuyant sur les communications des Esprits, les erreurs qui ont métamorphosé la doctrine de Jésus en ce qui est offert à notre foi comme tel ; d'indiquer les véritables bases de cette doctrine ; d'établir les relations que l'on découvre encore dans les Evangiles, malgré les modifications qu'ils ont subies, entre l'enseignement qu'ils contiennent et l'enseignement spirite, nous devions expliquer les causes primordiales de ces erreurs issues des passions humaines. Nous avons donc montré les Apôtres, hommes à intelligence restreinte, il est vrai, mais pouvant s'élever comme celle de tout homme à la hauteur de cette formule sublime qui, selon les Esprits, résume toute la doctrine de Jésus en quatre mots : NOTRE PÈRE ! MES FRÈRES ! Nous avons dit que les Apôtres, avec l'enthousiasme d'Apôtres, avaient tout d’abord commencé par transmettre verbalement à quelques-uns les enseignements qui leur avaient été donnés, réunissant, à la hâte en groupes ou Eglises les disciples qu'ils plaçaient sous la direction d'Evêques, tandis qu'eux continuaient leur course à travers le monde, y portant la bonne nouvelle, simplement, comme, ils l'avaient reçue. Nous avons montré les premiers chrétiens venant se heurter dans leur faiblesse, d'abord au génie envahissant de saint Paul, peu disposé à reconnaître l'autorité de simples pêcheurs du lac de Tibériade, puis aux systèmes philosophiques dont leurs successeurs devaient bientôt subir l'influence. Nous avons dit que c'est au milieu des discussions entre les Écoles philosophiques et les premiers groupes chrétiens (quand ce ne fut pas entre Evêques et Evêques), que furent écrits les Evangiles ; que ces Evangiles se ressentirent fatalement de l'opinion du groupe au sein duquel ils avaient été rédigés ; que ce n'est que vers le milieu du IIe siècle que quatre Evangiles furent choisis parmi tous les autres et proclamés seuls orthodoxes.... Par qui ? Évidemment par ceux à l'opinion desquels ils correspondaient. En vertu de quelle décision autorisée ? Tout le monde l'ignore. Nous avons rappelé que ce n'est qu'à la fin du IVe siècle que les Évangiles, dont pas une copie ne ressemblait à l'autre, reçurent une rédaction officielle et amendée ; que jusque-là ils avaient pu être modifiés impunément, ainsi que Celse, au IIe siècle, en avait fait le reproche aux chrétiens ; que la preuve qu'ils avaient pu l'être, c'est qu'ils l'avaient été à un tel point que, d'après la déclaration même de saint Jérôme il rencontrait « autant d'exemplaires que de copies » ; que, par conséquent, on ne devait avoir dans les faits rapportés par les Evangiles, dans les termes employés pour retracer les paroles de Jésus qu'une confiance relative. Et cependant, malgré toutes les incertitudes qui planent sur les récits évangéliques, nous n'hésitons pas à affirmer notre respect pour les Evangiles, à raison de la morale qui s'en dégage, morale dans laquelle nous voyons le germe d'un progrès indéfini pour l'homme. En d'autres termes, nous croyons à leur ensemble, n'accordant notre foi aux détails que sous le contrôle de la raison. Nous tenions à faire cette déclaration au moment où nous allons aborder l'examen de textes d'où vont se dégager, à l'aide des communications des Esprits, l'explication de la doctrine apportée au monde par Jésus. – La preuve de l'origine de cette doctrine, si elle ne ressortait pas pour nous des explications reçues, nous la puiserions dans cette circonstance que, malgré tout ce qu'a fait l'Eglise, même de nos jours, pour la détruire comme à plaisir, cette doctrine est encore debout. Nous examinerons dans les chapitres suivants, non pas seulement si l'enseignement des Esprits est conforme à celui de Jésus, mais encore si le premier ne peut nous servir à rétablir le second « sur ses véritables assises ».
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Quelle confiance convient-il d'avoir dans le texte des Evangiles ?
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