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 ENTRE DEUX GLOBES (2)

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jean-pierre Abel




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MessageSujet: ENTRE DEUX GLOBES (2)    ENTRE DEUX GLOBES (2)  Icon_minitimeMar 6 Avr - 16:43

Je vous propose la lecture de l’article suivant : ENTRE DEUX GLOBES (2) par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 6 Avril 2021 Rédigé par Un spirite Publié dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
ENTRE DEUX GLOBES, Antoinette Bourdin, Ludovic découvre une seconde existence
CHAPITRE XII Ludovic découvre une seconde existence - Le laboureur - Réminiscence inconsciente de la vie militaire - Impuissance causée par la position sociale - Le laboureur dans le monde des Esprits - Je suis prêt, mon ange, lorsque ta voix m’appelle ; j’attends avec anxiété l’heure qui doit me révéler le secret de ma seconde existence, et, comme pour le voyageur qui, après une bonne nuit, doit reprendre sa course au lever du soleil, le repos que j’ai pris m’a donné de nouvelles forces pour continuer la mienne. - Tu sembles avoir l’intuition de notre nouvelle excursion, oui ; pour celle-ci, il faut se lever matin, il faut arriver au travail avant l’aurore, pendant que la rosée couvre encore le sol. Que la terre est belle à cette heure ! Vois, nous sommes arrivés, ce n’est plus ce champ de bataille jonché de morts et couvert de sang ; il fallait, pour reposer tes regards fatigués de ce sinistre tableau, la vue et la vie des champs. Regarde ce paysage enchanté ! L’orient se teint des nuances de l’aurore ; les oiseaux s’éveillent sous le feuillage humide et l’insecte bruit sous l’herbe ; tout semble renaître à la vie et chercher à la conserver. Vois cette eau limpide où se désaltère le riche troupeau avant de se rendre dans son gras pâturage ; plus loin, les boeufs liés au joug, attendant patiemment le laboureur qui s’avance ; le fer de la charrue est déjà engagé dans le sol pour le préparer de nouveau à produire. Vois aussi ces riches coteaux couverts de vignes et ces vastes plaines où jaunissent les épis du plus beau froment. Tout est calme, tout respire le bonheur dans ce concert de la nature. Le soleil paraît enfin et dore tout ce qu’il rencontre ; sa chaleur, douce d’abord, essuie les fleurs humides ; aucun bruit, aucun blasphème n’est venu troubler encore cette paix du matin ; l’homme des champs doit sentir son âme attendrie devant cette scène touchante : il y a là quelque chose qui nous rappelle à nous ; esprits, les douces impressions de notre belle patrie.
- D’où vient, Ludovic, cet air troublé et anxieux qui te transforme en ce moment ? Tu sembles vouloir t’approcher de cette charrue, t’apprêter à tracer des sillons en frappant rudement ces animaux soumis qui te servent pour prix de leur nourriture ; des blasphèmes sortent de ta bouche, ta physionomie est empreinte d’une expression sombre, et même brutale. Dis-moi ce que tu ressens. - Eh bien ! Pendant que tout est calme autour de nous, je sens naître en moi une tempête affreuse, les passions qui m’avaient déjà possédé ; avant mon expiation d’un demi-siècle de remords viennent de se ranimer, tout ce qui m’entoure m’excite à la colère, je ne vois pas comme tout le monde : l’orgueil m’aveugle, ma raison s’appuie non sur la justice, mais sur une volonté égoïste, mon esprit de domination souffre de cette position humble et ignorée qui me laisse dans l’oubli. Oh ! Comme les souvenirs viennent se presser dans ma mémoire ! Je les vois passer devant moi avec leurs moindres détails. Avant de choisir cette humble existence du laboureur j’errais dans l’espace avec crainte et timidité comme un forçat libéré qui cherche à se fixer loin des lieux où se sont commis ses méfaits. De même mon esprit fuyait les rencontres, si fréquentes dans l’espace des êtres qui pouvaient me connaître ; cependant je m’instruisais, j’apprenais à réprimer mes mauvais penchants, de bons esprits me donnaient des conseils ; puis, lorsque je me crus assez fort pour vaincre complètement, je songeai à choisir une honnête famille où je pusse renaître. Pourtant je doutais encore de moi-même, je savais que la chair est une entrave aux bonnes résolutions lorsque les vices sont trop enracinés ; j’avais demandé le séjour paisible de la
campagne, afin de ne pas donner à mes passions un nouvel aliment, au contact des intrigues du monde et des richesses. J’avais choisi cette charmante contrée, où la nature avait prodigué ses bienfaits ; j’avais vu, en sortant de ma prison de remords, cette, matinée délicieuse, ces fleurs, ces ruisseaux ; j’avais entendu le chant des oiseaux ; mon esprit avait besoin de ce calme et il se transportait sous cet humble toit que voilait cet épais feuillage. Là deux braves paysans vivaient paisiblement de leur travail, ils n’avaient point d’ambition, la paix la plus parfaite régnait dans cette famille peu nombreuse encore ; ils n’avaient qu’un enfant, une petite fille éclatante de fraîcheur et de santé, combien j’aimais à la voir ! Je la nommais déjà ma soeur et j’aspirai au moment où je pourrais m’incarner au milieu de cette sainte famille. Enfin le moment arriva, j’en fus prévenu par un esprit qui, après m’avoir donné les bons conseils nécessaires et après avoir prié avec moi me quitta. J’éprouvai alors un trouble indéfinissable semblable à celui d’un mourant, ma mémoire s’affaiblit peu à peu et ma raison devint chancelante. Je ne cherchai plus à m’éloigner de la famille que j’avais choisie, mon corps se formait dans le sein de celle qui devait être ma mère ; elle subissait l’affection morale de mon âme, une morne tristesse l’enveloppait, elle avait des pensées étranges dont elle ne se rendait pas compte, elle ignorait complètement qu’un esprit triste et inquiet en s’incarnant, transmet à sa mère ses impressions et l’inspire à son insu. Mon trouble augmentait à mesure que le moment approchait où j’allais rentrer dans la vie des mortels, je perdais le souvenir, mes facultés intellectuelles étaient endormies. Un jour enfin mon esprit fut éveillé de son assoupissement par de cruelles souffrances, j’assistai à la naissance de mon corps, mon âme l’entourait, le pénétrait et il me semblait qu’un feu dévorant le consumait ; je me trouvai dans un état particulier, je fis des efforts inouïs pour prendre possession des sens de ce petit corps, ma voix se fit entendre ce fut là ma première manifestation. J’éprouvai aussitôt des besoins matériels ; je savais que je vivais, mais de quelle vie ! Ma bouche entrouverte et ma tête, penchée tantôt à droite, tantôt à gauche, indiquaient que je cherchais déjà le sein qui devait me nourrir, c’était l’instinct qui est adhérent à tout ce qui a la vie, qui faisait son apparition. Les animaux le possèdent à un plus haut degré que l’homme, parce que sans cette inspiration élémentaire ils ne sauraient se suffire à eux-mêmes.
L’homme a une autre vie à alimenter plus tard, c’est celle de l’esprit, et ce n’est que lorsque le corps est bien fortifié par l’action de l’instinct que l’intelligence sort de son engourdissement. Je l’ai subi ce réveil, il a été brusque et a effrayé ma mère ; mon arrogance l’a fait bien souffrir et combien de fois ai-je provoqué les larmes de ma jeune soeur par de sournoises méchancetés. Ma jeunesse a été très-orageuse. Aussitôt que mon âge le permit je m’engageai dans l’état militaire. Là plus qu’ailleurs mon caractère violent trouva l’occasion de se livrer aux querelles et aux emportements, je ne pouvais me soumettre à mes chefs, et les punitions que me valait mon inconduite ne faisaient qu’augmenter ma haine contre mes supérieurs. Quelques années après, je revins chez mes parents et je continuai le travail de mon père qui était âgé et souffrant ; j’épousai une jeune fille dont les précieuses qualités furent souvent mises à l’épreuve. Je n’avais plus de soldats à commander ni à instruire ni ce fier étalage, ni ces flatteries qui me permettaient d’exercer si librement mon despotisme ; j’étais forcément réduit aux soins de la famille et c’est elle qui subissait tous les effets de mes imperfections. Ma femme et mes enfants tremblaient à mon approche, je traitais mes serviteurs comme des esclaves, et les animaux domestiques n’étaient que trop souvent les victimes de mes sourdes colères. En rapprochant ces deux incarnations, celle du militaire et celle du laboureur, je me crois moins mauvais dans cette dernière parce que je suis moins puissant. Quel feu faut-il donc, ô mon Dieu, pour consumer le mal ? Encore une existence inutile !
Après cette vie si peu en rapport avec mes promesses, j’ai passé bien des années dans le monde des esprits ; je ne voyais plus ce beau paysage, il s’était transformé en une terre ingrate et aride que je devais cultiver. J’avais autour de moi des serviteurs insoumis qui se riaient de mes ordres, et des animaux qui paraissaient insensibles aux coups dont je croyais les accabler. Si tu n’as pas progressé dans cette incarnation, dit l’ange, tu as cependant trouvé, dans le monde des esprits, les fruits de tes bonnes résolutions ; tu avais demandé une existence humble et obscure parce que tu te défiais de tes forces, et par ce moyen tu avais mis un frein à tes passions, et l’irritabilité de ton caractère était la conséquence des obstacles qu’elles rencontraient. Tu étais donc revenu très mécontent ; ton coeur était froid, il n’avait rien aimé, aucune pensée sympathique ne venait de la terre pour te consoler, on t’oubliait comme on oublie l’égoïste ; c’est alors que ta conscience a formé autour de toi ce champ aride, ces serviteurs insoumis et ces animaux insensibles à tes mauvais traitements. - Pauvre Ludovic, comme tu as souffert ! dit Mme Marcel. Et d’abondantes larmes vinrent inonder son visage ; il lui semblait qu’elle éprouvait toutes les tortures qu’avait endurées son fils bien-aimé avant d’avoir atteint le degré d’abnégation et de douceur qui le caractérisait maintenant.
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