Je vous propose la lecture de l’article suivant : ENTRE DEUX GLOBES (4) par doctrinespiritenimes.over-blog.com, le 6 Avril 2021 Rédigé par Un spirite Publié dans #Allan Kardec, #Centre Spirite, #Croyance, #Doctrine Spirite, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme
ENTRE DEUX GLOBES, Antoinette Bourdin, Quatrième existence
CHAPITRE XIV Quatrième existence - La petite mendiante - Ses souffrances et ses difformités - Son séjour à l’hospice - La misère a des attraits - La vieille fille - Sa mort - Une rencontre dans le monde des Esprits - Viens, Ludovic, continua l’ange dans cette grande cité que tu vois là-bas et dont on entend déjà les sourdes rumeurs, c’est là que tu as mené cette vie dépravée, et c’est là aussi que tu as demandé à venir pour réparer, par une existence triste et misérable, les scandales et les désordres de ta précédente incarnation. Aussitôt Ludovic éprouva une sensation étrange et commença par proférer des plaintes amères et même douloureuses. - Qu’ai-je donc fait à Dieu pour qu’il me fasse tant souffrir ! Oh ! Je comprends maintenant ; c’est encore la cruelle répétition d’une existence infructueuse. J’ai langui depuis mon enfance, ma mémoire n’a conservé aucun souvenir d’un jour de bonheur. J’ai mendié avec une femme qui en faisait métier en compagnie de plusieurs mégères, elles se prêtaient des enfants qu’elles avaient sans doute ravis à la tendresse de leurs mères. On nous faisait endurer des tortures inouïes afin que nous pussions inspirer de la pitié ; nos membres étaient comprimés par un instrument grossier qui leur donnait une direction contraire à celle de la nature ; de vils repaires nous servaient d’asile et nous étions confondus comme un troupeau immonde sur de la paille humide et sale où on nous distribuait une nourriture insuffisante qui devait nous entretenir dans notre misérable état de langueur. Nous étions pauvres enfants, sans défense contre les persécutions, n’ayant aucune expérience de la vie. Mon coeur ne s’ouvrait à aucune coupable envie sur les personnes qui me faisaient l’aumône : je les regardais comme des êtres à part. Les mauvais traitements me rendaient indifférente à la vie et à tout sentiment intime de mon âme, je ne cherchais qu’un peu de repos au milieu de mes souffrances. Ce fut ainsi que je vécus Jusqu’à l’âgé de douze ans, couverte de plaies que le manque de soins et de propreté rendait infectes, ce qui faisait que je marchais bien difficilement ; mes épaules qui formaient saillie, emboîtaient ma tête et l’empêchaient de faire aucun mouvement.
Ah ! Si j’avais été reconnue pour cette femme à la mode qui avait eu une si grande réputation de beauté et d’élégance, quelle stupéfaction pour ceux qui s’en étaient fait une idole !... Ma triste position inspira la compassion d’une âme charitable, elle fit les démarches nécessaires, et je fus admise dans un orphelinat. La femme qui me conduisait chaque matin sur des marches d’une église pour exploiter la pitié des passants, se garda bien de venir me réclamer. Je me trouvai donc bien heureuse de ce changement inattendu, j’étais à l’abri des intempéries et des mauvais traitements, j’avais une nourriture saine et régulière ; mais ma nature inculte ne voulait pas se plier aux exigences de la civilisation ; l’inaction dans laquelle j’avais vécu me rendait toute occupation désagréable, la couture était le seul travail que je pouvais faire sans trop souffrir ; mais j’avais si pou de goût et de désir d’apprendre que je m’attirais des reproches continuels. Plus tard, cette vie régulière et monotone ne convint plus à mon caractère, je me pris à regretter cette existence nomade de mon enfance où je pouvais laisser aller mon esprit à l’inertie et à la mollesse ; mes plaies étaient guéries. Je ne gardais plus que mes difformités, ma figure était repoussante de laideur jointe à un caractère revêche et ingrat ; je me rendais insupportable aux personnes avec lesquelles je vivais. Enfin, après quelques années passées dans cette maison, j’en sortis pensant être libre et gagner ma vie sans trop travailler, c’était surtout la chose essentielle pour moi ; j’amassai quelques sous, juste assez pour couvrir un petit éventaire de marchandises de minime valeur, qui était plutôt un prétexte à la mendicité qu’un moyen de réaliser un légitime gain. Je m’établissais près d’une église ou à l’entrée d’un pont, et lorsque venait le soir, je montais dans un pauvre réduit que l’on me prêtait par charité. J’ai vécu ainsi jusqu’à l’âge de quarante huit ans sans avoir joui d’aucune affection ; la mort vint me frapper, je ne fus découverte que par l’odeur que mon corps exhalait ; il y avait cinq jours que je n’étais plus et, encore une fois, la fosse commune me servit de sépulture. Mon esprit resta longtemps dans le trouble, il me semblait que je sommeillais au milieu de songes pénibles où toutes les phases de mon existence se déroulaient ; aucune de mes souffrances ne fut supprimée, afin qu’elles s’imprimassent mieux dans ma mémoire. Ce trouble dura un an, après quoi je fus éveillée doucement par un esprit qui me dit avoir été ma mère dans l’existence que je venais de terminer ; elle avait épuisé sa vie à me chercher, je lui avais été en-levée par des mendiants et jamais elle ne parvint à trouver les traces de mes ravisseurs. Lorsque le chagrin eut usé complètement sa vie, sa préoccupation dans le monde des esprits fut de continuer ses recherches : cette âme dévouée ne voulut pas se livrer au bonheur que son avancement spirituel devait lui procurer, sans avoir cherché de nouveau sur la terre le lieu que j’habitais. Elle me découvrit lorsque j’étais à bout de forces, à tendre la main aux passants généreux. C’est elle qui avait inspiré cette personne charitable pour me faire entrer dans cet hospice, sa sollicitude m’entoura de tout l’amour qu’aucune créature ne m’avait fait éprouver, elle sentait le besoin que j’avais de progresser. - « Mon enfant, me dit-elle, les existences sont presque toujours nulles lorsqu’elles n’ont pas laissé derrière elles de bonnes actions servant d’exemple à ceux qui vous ont connus. Tes difformités ne t’ont pas permis d’avoir de l’ambition ; mais un autre défaut l’a remplacée : c’est la paresse ; elle n’était pas innée en toi, tu as été découragée et surtout mal dirigée, ton orgueil en a éprouvé une sorte de dépit. Tu as donc besoin, mon enfant, de cette activité intellectuelle qui rend industrieux, qui nous fait trouver les ressources nécessaires pour avancer rapidement dans la voie du bien ; tu goûteras la paix de l’âme, la consolation dans les épreuves et tu auras le courage de les surmonter ; ton coeur connaîtra alors les premières douceurs de l’amour de Dieu et du prochain, et tu seras heureuse du bonheur que tu répandras autour de toi. »
Je suivis ensuite cette mère dévouée au milieu d’une grande quantité d’esprits qui avaient pour mission d’instruire les ignorants et les égarés ; là mes yeux se sont ouverts à la lumière, mais plus on est initié aux secrets de la vie de l’esprit, plus aussi on redoute de revenir sur la terre où l’on oublie si promptement la ligne de conduite que l’on s’est tracée. Un jour ma mère m'arracha à cette vie calme où je goûtais tant de délices. - « Retourne sur la terre, dit-elle, je serai ton guide, j’éveillerai les nobles sentiments qui t’animent en ce moment, fortifie-toi bien contre les pièges qui te seront tendus ; maintenant tu connais Dieu, tu l’aimes, il sera ta force, ton espoir. » - O mon fils ! s’écria Mme Marcel, quelle lumière tu apportes de ce monde inconnu où nous avons tous joué un rôle si important pour notre avenir ! Le courage ne peut plus manquer à ceux qui connaissent ces grandes vérités ; les épreuves que nous subissons ont été choisies par nous, nos murmures doivent donc cesser devant cette justice suprême qui nous frappe avec une main que notre conscience dirige.
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