(Source: CSLAK)Le suicide, cancer animique, terrible parole que nous devons éloigner de notre esprit, parce qu’il est la transgression de la loi divine. Mettre fin délibérément à sa vie est pourtant un acte omniprésent dans nos sociétés car lorsque l’on se penche sur les chiffres annoncés, le taux de suicide reste élevé dans tous les pays du monde. Drames au quotidien qui déchirent les familles car grande est la douleur et le désespoir, chaque fois qu’un suicide est commis. Mais sur le plan spirituel, qu’en est-il ? Comment vivent ces âmes une fois qu’elles ont quitté leur corps physique ? Dans les lignes qui suivent, nous allons évoquer notre vision spirite en nous appuyant sur des textes d’Allan Kardec comme le livre des Esprits et des ouvrages de Chico Xavier comme Nosso Lar ou libération.Si l’on fixe le but de l'existence plus haut que la fortune, plus haut que le bonheur, une révolution se produit en nous car la Terre est une arène où l'âme doit lutter pour son élévation. Elle peut l’obtenir par le travail, les sacrifices et les difficultés qu’elle cherche à dépasser en s’appuyant sur sa foi. Comprendre que la souffrance, soit physique, soit morale, est un puissant moyen de développement, est une marche franchie vers le progrès et tant que ses données ne seront pas acquises, il y aura des hommes qui fléchiront devant les maux de la vie. Penser que le suicide permet d’échapper à la misère et aux déceptions est une grave erreur car l’âme est immortelle et rien des conséquences de cet acte ne s’efface dans l’au-delà. Au contraire, elles poursuivent le suicidé plus nettement et de façon plus terrible.
La première déception qui attend un suicidé est la réalité de la vie. La vie ne s’éteint pas avec la mort du corps physique. Elle s’ouvre à lui plus grande, plus vaste et elle est martelée par les tourments qui l’ont conduit vers cette rébellion contre l’incarnation.
Les suicidés continuent donc à souffrir. Ils revivent sans cesse la scène tragique de leurs derniers instants terrestres. Pendant des mois et même des années, ils ressentent les impressions terribles du poison absorbé ou de la perforation du cerveau par la balle d’une arme ou de la violence des rochers où leur corps s’est abimé. Ils cherchent l’oubli mais la pensée est active et tout est là, minute après minute. Comme nous le trouvons dans ce témoignage tiré du livre Mémoires d’un suicidé d’Yvonne Pereira : «Les premières heures qui suivirent ce geste brutal que j’avais commis, se passèrent sans que je puisse véritablement prendre conscience de moi. Mon Esprit rudement violenté, s’était comme évanoui et il était en train de souffrir d’un ignoble collapsus. Mes sens, mes facultés étaient paralysés comme si un indescriptible cataclysme avait renversé le monde et que dans ces ruines, mon être avait fini par tomber, j’avais l’impression d’être paralysée. C’était comme si cette détonation maudite, qui jusqu’à aujourd’hui résonne en vibrations, avait dispersé une à une les molécules qui constituaient ma personnalité, ma vie ! Des odeurs fétides et nauséabondes revenaient sans cesse et indisposaient mon odorat. Une douleur aiguë, violente, folle, assaillait tout mon corps et se localisait particulièrement au niveau du cerveau en commençant par l’appareil auditif. Prise de convulsions aigues, je me penchais sur le côté droit de l’ouïe. Du sang coulait de l’orifice, à cause du projectile de l’arme à feu dont je m’étais servie pour me suicider. Mes mains étaient sales, mes vêtements, mon corps… Rien, cependant, rien n’était effacé et je me retrouvais maintenant blessée. Uniquement blessée et non pas morte ! Parce que la vie continuait en moi comme avant !»
Plus dur encore est le détachement de l’âme de ce corps physique. Elle se fait dans la douleur, le déchirement car le cordon fluidique qui le reliait au corps a été rompu précipitamment. Certaines énergies ne se sont pas encore expulsées. Rien n’a été préparé. Tandis que dans la mort naturelle, ces liens s'affaiblissent graduellement et souvent se dénouent avant que la vie soit complètement éteinte. Ici, dans le suicide, rien n’a été prévu, la mort arrive brutalement. Le traumatisme est donc grand et, à cela, vient s’ajouter la présence des Esprits du bas-astral avides de fluides vitaux. Ils tournent autour du suicidé et cherchent à s’approprier les éléments fluidiques qui n’ont pas été dégagés dans cette mort précipitée. Véritables vampires de l’au-delà, ils se complaisent autour de ces corps en décomposition à la recherche de sensations terrestres que leur procurent ces fluides. Durs combats, luttes âpres pour le désespéré qui a bien du mal à s’éloigner de ce corps qui se dégrade et qui ne comprend rien à la situation. Les guides et Esprits protecteurs veillent cependant mais ils doivent attendre le moment propice pour le dégager.
Dans l’au-delà, les suicidés se regroupent selon leurs affinités. Comme tous les désincarnés, selon la densité du périsprit et les pensées qu’ils émettent, ils sont dans des lieux qui correspondent à leur évolution. Pour ces Esprits désespérés, ils sont dans des espaces de grandes souffrances. Nous en avons des témoignages dans certains ouvrages spirites. En général, ces Esprits se trouvent dans des endroits où le panorama est désolant. Composés de vallées profondes et brumeuses, ces paysages se dessinent avec des gorges sinueuses et des cavernes sinistres. A l’intérieur de celles-ci, il y a des hordes de démons qui hurlent. Ils donnent l’impression d’être des enragés, mais ces Esprits ont simplement été des hommes, ils sont devenus fous face à l’étrangeté de la situation et le traumatisme causé par leurs morts violentes. Leurs souffrances sont inconcevables.
Dans ces lieux, ils peuvent rester un temps indéterminé. Cela dépend du type de suicide, des motivations, des influences spirituelles, du degré de connaissance et de leur évolution. Plus un Esprit est éclairé, plus ses peines sont intenses et sa guérison sera longue. Suivant son attitude, le suicidé peut être en proie au désespoir, à la révolte et rester ainsi longtemps dans ces régions. Mais s’il manifeste l’envie d’être aidé, il sera accompagné dans un hôpital psychiatrique dans l’au-delà où des Esprits bienveillants s’occuperont de lui. Ils veillent alors à le désanimaliser, c'est-à-dire à le défaire des fluides et des forces vitales dont il est encore imprégné, comme cela est toujours le cas dans toute mort violente.
Voyons un exemple, il est tiré de l’ouvrage Mains tendues de Luiz Sergio. Le narrateur Luiz Sergio cherche à comprendre auprès d’un médecin de l’au-delà, l’état moral des suicidés et il demande :
“- Depuis combien de jours se trouvent-ils ici ?
Le docteur Irany me regarda d’une façon curieuse, peut-être surpris par la question idiote que je faisais et me répondit :
- De jours ? Cela fait longtemps qu’ils sont ici. La jeune femme, il y a 20 ans, le jeune homme 8 ans, la personne âgée, il y a 30 ans, l’adolescent, il y a 26 ans.
- Mon Dieu et ils souffrent depuis tout ce temps ?
- Oui, Luiz Sergio, leurs souffrances sont idéoplastifiées par leur volonté.
- Et combien de temps resteront-ils ainsi ?
- Cela, dépendra de la volonté de chacun d’eux. Nous avons déjà reçu des Esprits dans la même situation qui sont seulement restés trois ans ; d’autres plus de trente ans. Dans le livre de la vie, nous sommes tous propriétaires de nos écrits et ils ont gravé la douleur d’une manière bien profonde.
Les infirmiers qui travaillaient dans ce service, appliquèrent des passes et firent un lavage spirituel. Avant de quitter le local, je les fixais une fois de plus et je frémis en entendant les gémissements de douleur. En rejoignant le jardin, je sentis la chaleur du soleil qui se répandait et demandai à Dieu pardon pour nos erreurs. Pourquoi l’homme a tant de mal à se connaître ?”
Ainsi, certains ne resteront qu’à peine plusieurs heures, d’autres des mois, puis après avoir compris sa situation, l’Esprit devra se réincarner. Suivant le déséquilibre qu’il a subi, cela se fera plus ou moins rapidement. Il arrive très souvent que l’Esprit n’arrive pas à bien analyser la situation, alors la réincarnation se fera plus rapidement pour éviter que sa souffrance ne soit augmentée. Dans ce cas-là, la vie sur terre sera courte et se fera auprès de parents aimants et aidants afin que, par l’amour, peu à peu se pansent les blessures. Mais, il y a une autre raison expliquant l’incarnation courte. L’incarné en se suicidant, détériore son corps physique. Ce traumatisme, ainsi que ceux subis par un dégagement trop rapide, s’imprime dans le périsprit. Dans la nouvelle incarnation, son nouveau corps physique sera affecté par ces troubles et il ne pourra résister très longtemps à ces déséquilibres. C’est par exemple, une maladie incurable chez l’enfant. D’autres exemples, tirés des ouvrages de Chico Xavier, viennent expliquer certains dérèglements organiques et dépendent directement des conditions du suicide. Ainsi, s’il a été réalisé par balle et que celle-ci a traversé la gorge, le prochain corps physique sera naturellement mutilé à cet endroit. Peut-être que l’incarné aura du mal à parler ou ne pourra pas parler. Si c’est les yeux que la balle a atteint, l’individu aura certainement des problèmes de cécité. Dans les cas d’empoisonnements, il aura des problèmes intestinaux ou plus graves des cancers de l’œsophage, du pancréas, des maladies du sang, etc… Pour les pendaisons, cela peut provoquer des problèmes à la colonne vertébrale ou de la paraplégie. Pour les noyades, la personne aura de sérieux problèmes au niveau de l’appareil respiratoire, tels que de l’asthme, de la bronchite ou de l’emphysème chronique et les médecins auront d’énormes difficultés à la soigner car les causes profondes se trouvent dans le périsprit.
On voit que la liste est longue des douleurs rencontrées mais elles sont toujours fonction de la responsabilité de chacun. C’est ainsi que lorsque l’on voit un enfant luttant contre la maladie, cloué au lit pour un temps déterminé, c’est surtout un Esprit qui lutte et l’amour de ses parents attentionnés devient un des facteurs qui l’aide à s’interroger. Pourquoi moi ? Pourquoi tant de douleurs ? Pourquoi ne puis-je guérir ? Sa jeunesse et le soutien de ses proches l’aident à accepter l’épreuve et il pourra retourner dans le monde spirituel plus léger.
Le suicidé ne peut choisir son incarnation, ce sont des guides spirituels qui le font pour lui afin qu’il y ait bien réparation. Il faudra plusieurs incarnations pour guérir de ce traumatisme et le médium brésilien, Francisco Cândido Xavier, appuie ce fait en déclarant qu’il faut deux cents ans pour qu’un suicidé soit rééquilibré. A mesure que grandit en lui sa confiance en Dieu, les angoisses du suicidé diminuent.
Si aucun Esprit ne se réincarne avec pour objectif le suicide, il est encore plus vrai que personne n’est destiné à être confronté au suicide d’un être cher. Aussi, le suicidé sera responsable des douleurs qu’il occasionnera à sa famille, aux difficultés auxquelles elle aura à faire face. Par exemple, lorsqu’un père de famille se suicide en laissant sa femme et ses enfants dans le besoin, il en sera responsable et pire si la jeune fille finit par se pros-tituer et que son fils tombe dans la délinquance… car il avait pour mission de les aider. Le suicidé ne prendra connaissance de ses responsabilités que lorsqu’il sera capable dans l’au-delà de mesurer ses erreurs.
Les causes du suicide sont multiples mais elles restent essentiellement la désertion volontaire des devoirs terrestres. L’individu veut fuir une situation qui le tourmente. Dominé par l’angoisse, il tombe dans le dé-sespoir et il commence à voir dans la mort la solution à son problème. Au début, l’idée ne paraît pas être définie, puis elle prend corps. La personne a la sensation que la vie est très compliquée, puis les problèmes et les difficultés deviennent insurmontables. Cela peut être une rupture amoureuse où l’on considère son partenaire comme sa raison de vivre. Ces personnes ne comprennent pas qu’il s’agit à peine d’un moment de leur vie face à l’éternité et que cela fait partie de leur évolution. Nombreux sont ceux qui ignorent qu’ils sont destinés à la perfection et que les liaisons affectives représentent un détail dans ce contexte. D’autres situations dans la vie professionnelle, dans la vie personnelle où l’orgueil est blessé peuvent amener l’individu à se supprimer et à l’entraîner vers de sérieux désastres qui se perpétueront durant des siècles.
L’ennui est aussi une cause car le manque d’intérêt à la vie terrestre peut conduire à cette extrémité. Dans le Ciel et l’Enfer, Allan Kardec parle d’un athée qui s’est tué à cause de l’ennui qu’il éprouvait dans sa vie sans espoir. Dans l’au-delà, il a pris conscience que le néant n’existait pas et il se sentait horriblement tourmenté. Puis, l’Esprit a avoué que, dans une précédente existence, il a été un homme méchant et qu’il avait mérité une incarnation de tourments et d’incertitudes.
L’obsession produite par certains Esprits perturbateurs dirige lentement quelqu’un vers le suicide. En s’infiltrant dans ses pensées, ils peuvent le tourmenter inlassablement, cependant, si l’obsédé est encore maître de ses actes, l’obsédant ne peut contraindre sa victime. Si l’état empire et que la subjugation est telle que l’obsédé n’est plus maître de ses actes, la responsabilité est différente. Néanmoins, il n’est pas facile de pousser un aliéné au suicide car sa conscience est bloquée et son instinct de conservation prend le dessus. L’Esprit qui pousse une personne au suicide est complice de cette action, comme pour un crime, et elle devra en assurer la responsabilité. Pour réparer cette erreur, il devra porter secours à sa victime. C’est l’exemple d’un père s’occupant de son fils qui a de graves dysfonctionnements physiques et mentaux parce que de part le passé, il l’a précipité au suicide.
Les Esprits instructeurs sont unanimes, en déclarant que nous avons de multiples occasions pour nous grandir sur Terre, à travers diverses expériences, mais que souvent nous sommes poussés à les déserter. Si nous nous aidions de la prière, nous pourrions par l’acceptation, la résignation, nous fortifier dans l’épreuve et éviter la chute vers l’angoisse et les tourments car si un suicidé pense sortir de la souffrance, c’est souvent pour entrer de pleins pieds dans la torture…
Nous avons longuement parlé du suicide provoqué, violent et arrêtant brusquement la vie, mais il existe une autre forme de suicide, celui que l’on peut appeler indirect et dû à notre comportement. Dans ce cas de figure, l’imprudence est responsable de bien des morts car nous sommes responsables de ce qui peut nous arriver. Un jeune homme qui conduit en état d’ivresse et provoque un accident dans lequel il meurt, sera responsable à la mesure de sa connaissance. Il sera aussi responsable si les passagers sont morts avec lui dans le véhicule. Une mort prématurée a toujours des conséquences funestes.
Notre façon de vivre, nos habitudes, nos coutumes sont également des formes suicidaires et peuvent abréger notre existence. La cigarette provoque le cancer du poumon, l’emphysème pulmonaire, l’infarctus ; l’alcool détruit le foie ; les drogues, le cerveau. La gourmandise produit l’obésité qui à son tour surcharge le corps. Le refus de se soigner handicape le corps. Tout excès ou manque, moral ou physique, endommage le corps qui nous a été prêté.
Dans Nosso lar, l’auteur, André Luiz, l’Esprit qui dicte au médium Chico Xavier, l’histoire de sa vie, raconte comment, suite à son mode vie, il s’est retrouvé malade. Puis lorsque le corps fut fatigué et épuisé, il a quitté la vie terrestre. Dans l’au-delà, il a mis huit années avant de se reconnaître et, durant tout ce temps là, il entendait des Esprits qui le traitaient de suicidé, de criminel. Quand les remords ont commencé à remplir son âme, il a prié et de l’aide est arrivé. Sur le lit d’hôpital, dans l’au-delà, l’Esprit médecin lui explique : «Voyons la zone intestinale. Dans l’occlusion, il y a des éléments cancéreux et ceux-ci proviennent de certaines négligences de votre part. La maladie n’aurait peut-être pas revêtue des conséquences aussi graves si votre comportement sur terre s’était trouvé enrichi de sentiments de fraternité. Hélas, votre mode de vie où vous étiez souvent irritable et sévère, captait des vibrations destructrices. N’avez-vous jamais pensé au fait que la colère pourrait être une source de forces négatives pour chacun de nous ? Cette absence de contrôle, cette négligence dans la manière dont vous traitiez vos semblables, que vous avez offensés sans réfléchir, vous a conduit irrévocablement vers la maladie…»
Prenons donc le temps d’y songer et si nous trouvons que les trames de notre existence sont parfois bien pénibles à supporter, travaillons à renforcer notre foi dans la prière. N’hésitons pas à demander du courage, de la résignation et de l’entendement. Relevons la tête, souvenons-nous des exemples de ceux qui nous ont précédés, des plus simples, des plus humbles. Dans notre entourage, il y a toujours eu une femme ou un homme dont les épreuves ont été investies de confiance dans l’avenir, de joie dans la difficulté. Cherchons à semer à notre tour dans notre foyer cette étincelle divine qui fait vibrer.
Nous vous conseillons comme lecture pour approfondir le sujet, l’excellent ouvrage d’Yvonne A. Pereira, Mémoires d’un suicidé que vous trouverez aux Editions Philman.